LETTRE APOSTOLIQUE
DU SAINT-P�RE JEAN-PAUL II
AUX �V�QUES,
AUX PR�TRES,
AUX FAMILLES RELIGIEUSES
ET AUX FID�LES DE L'�GLISE CATHOLIQUE
SUR LA SANCTIFICATION DU DIMANCHE
31 mai 1998
V�n�r�s Fr�res dans l'�piscopat et dans le sacerdoce,
Chers Fr�res et S�urs,
1. Le jour du Seigneur � ainsi que fut d�sign� le dimanche d�s les temps apostoliques (1) � a toujours �t� particuli�rement honor� dans l'histoire de l'�glise, � cause de son lien �troit avec le c�ur m�me du myst�re chr�tien. En effet, dans le rythme hebdomadaire, le dimanche rappelle le jour de la r�surrection du Christ. C'est la
P�que de la semaine
, jour o� l'on c�l�bre la victoire du Christ sur le p�ch� et sur la mort, l'accomplissement de la premi�re cr�ation en sa personne et le d�but de la � cr�ation nouvelle � (cf.
2 Co
5,17). C'est le jour o� l'on �voque le premier jour du monde dans l'adoration et la reconnaissance, et c'est en m�me temps, dans l'esp�rance qui fait agir, la pr�figuration du � dernier jour �, o� le Christ viendra dans la gloire (cf.
Ac
1,11;
1 Thess
4,13-17) et qui verra la r�alisation de � l'univers nouveau � (cf.
Ap
21,5).
L'exclamation du psalmiste: � Voici le jour que fit le Seigneur, pour nous all�gresse et joie � (
Ps
118 [117], 24) convient donc bien au dimanche. Cette invitation � la joie, reprise par la liturgie de P�ques, est marqu�e par la stupeur dont furent saisies les femmes qui avaient assist� � la crucifixion du Christ, quand, �tant all�es au tombeau � de grand matin, le premier jour apr�s le sabbat � (
Mc
16,2), elles le trouv�rent vide. C'est une invitation � revivre, en quelque sorte, l'exp�rience des deux disciples d'Emma�s, qui sentirent � leur c�ur tout br�lant au-dedans d'eux-m�mes �, tandis que le Ressuscit� les accompagnait sur le chemin, en leur expliquant les �critures et en se r�v�lant � � la fraction du pain � (cf.
Lc
24,32.35). C'est l'�cho de la joie, d'abord h�sitante, puis irr�sistible, qu'�prouv�rent les Ap�tres au soir de ce m�me jour, lorsqu'ils eurent la visite de J�sus ressuscit� et qu'ils re�urent le don de sa paix et de son Esprit (cf.
Jn
20,19-23).
2. La r�surrection de J�sus est la donn�e premi�re sur laquelle repose la foi chr�tienne (cf.
1 Co
15,14): c'est une r�alit� stup�fiante, per�ue en pl�nitude dans la lumi�re de la foi, mais attest�e historiquement par ceux qui eurent le privil�ge de voir le Seigneur ressuscit�; c'est un �v�nement merveilleux qui ne se d�tache pas seulement d'une mani�re absolument unique dans l'histoire des hommes, mais qui se place
au centre du myst�re du temps
. Comme le rappelle en effet le rite de la pr�paration du cierge pascal, dans la liturgie expressive de la nuit de P�ques, c'est au Christ qu'� appartiennent le temps et les si�cles �. C'est pourquoi, faisant m�moire du jour de la r�surrection du Christ, non seulement une fois par an, mais tous les dimanches, l'�glise entend montrer � chaque g�n�ration ce qui constitue l'axe porteur de l'histoire, auquel se rattachent le myst�re des origines et celui de la destin�e finale du monde.
Il est donc l�gitime de dire, comme le sugg�re l'hom�lie d'un auteur du IVe si�cle, que le � jour du Seigneur � est le � seigneur des jours �.(2) Ceux qui ont re�u la gr�ce de croire au Seigneur ressuscit� ne peuvent que percevoir la signification de ce jour hebdomadaire avec l'�motion vibrante qui faisait dire � saint J�r�me: � Le dimanche est le jour de la r�surrection, le jour des chr�tiens, c'est notre jour �.(3) Il est en effet pour les chr�tiens le � jour de f�te primordial �,(4) destin� non seulement � marquer le d�roulement du temps, mais � en r�v�ler le sens profond.
3. Son importance fondamentale, toujours reconnue au cours de deux mille ans d'histoire, a �t� r�affirm�e avec force par le Concile Vatican II: � Selon la tradition apostolique dont l'origine remonte jusqu'au jour m�me de la r�surrection du Christ, l'�glise c�l�bre le myst�re pascal chaque huiti�me jour, qui est nomm� � juste titre jour du Seigneur ou jour dominical �.(5) Paul VI a soulign� une nouvelle fois cette importance lorsqu'il a approuv� le nouveau Calendrier g�n�ral romain et les Normes universelles qui r�glent le d�roulement de l'ann�e liturgique.(6) La proximit� du troisi�me mill�naire, qui pousse les croyants � r�fl�chir � la lumi�re du Christ sur le d�roulement de l'histoire, les invite aussi � red�couvrir le sens du dimanche avec une nouvelle intensit�, son � myst�re �, la valeur de sa c�l�bration, sa signification pour l'existence chr�tienne et humaine.
Je prends acte volontiers des nombreuses interventions du magist�re et des initiatives pastorales que vous-m�mes, mes Fr�res dans l'�piscopat, individuellement ou conjointement � bien assist�s par votre clerg� � vous avez conduites sur ce th�me important dans les ann�es qui ont suivi le Concile. Au seuil du grand Jubil� de l'An 2000, j'ai voulu vous offrir cette Lettre apostolique pour soutenir votre engagement pastoral en un domaine � ce point vital. Mais je d�sire en m�me temps m'adresser � vous tous, chers fid�les, comme si je me rendais spirituellement pr�sent dans les diff�rentes communaut�s, l� o�, chaque dimanche, vous vous rassemblez avec vos pasteurs pour c�l�brer l'Eucharistie et le � jour du Seigneur �. Bien des r�flexions et des sentiments qui inspirent cette Lettre apostolique ont m�ri pendant mon �piscopat � Cracovie et, apr�s le d�but de mon minist�re d'�v�que de Rome et de Successeur de Pierre, dans les visites aux paroisses romaines, effectu�es avec r�gularit� les dimanches des diff�rentes p�riodes de l'ann�e liturgique. Dans cette Lettre, il me semble donc que je continue le dialogue vivant que j'aime entretenir avec les fid�les, en r�fl�chissant avec vous sur le sens du dimanche et en soulignant les raisons de le vivre comme un v�ritable � jour du Seigneur �, m�me dans les conditions nouvelles de notre �poque.
4. En effet, il n'�chappe � personne que, jusqu'� un pass� relativement r�cent, la � sanctification � du dimanche �tait facilit�e, dans les pays de tradition chr�tienne, par une large participation populaire et, pour ainsi dire, par l'organisation m�me de la soci�t� civile, qui pr�voyait le repos dominical comme un �l�ment constant des normes relatives aux diff�rentes activit�s professionnelles. Mais aujourd'hui, m�me dans les pays o� les lois garantissent le caract�re f�ri� de ce jour, l'�volution des conditions socio-�conomiques a souvent fini par modifier profond�ment les comportements collectifs et, par cons�quent, la physionomie du dimanche. On a vu largement s'affirmer la pratique du � week-end �, au sens de temps de d�tente hebdomadaire, pass� parfois loin de la demeure habituelle et souvent caract�ris� par la participation � des activit�s culturelles, politiques, sportives, dont le d�roulement co�ncide en g�n�ral pr�cis�ment avec les jours f�ri�s. Il s'agit l� d'un ph�nom�ne social et culturel qui n'est pas d�pourvu d'aspects positifs, dans la mesure o� il peut contribuer, dans le respect des valeurs authentiques, au d�veloppement humain et au progr�s de la vie sociale dans son ensemble. Il ne r�pond pas seulement � la n�cessit� du repos, mais aussi au besoin de � faire une f�te � qui est inn� en l'�tre humain. Malheureusement, lorsque le dimanche perd son sens originel et se r�duit � n'�tre que la � fin de la semaine �, il peut arriver que l'homme, m�me en habits de f�te, devienne incapable de faire une f�te, parce qu'il reste enferm� dans un horizon si r�duit qu'il ne peut plus voir le ciel.(7)
Aux disciples du Christ, en tout cas, il est demand� de ne pas confondre la c�l�bration du dimanche, qui doit �tre une vraie sanctification du jour du Seigneur, avec la � fin de semaine �, comprise essentiellement comme un temps de simple repos ou d'�vasion. A ce sujet, il est urgent de parvenir � une maturit� spirituelle authentique, qui aide les chr�tiens � � �tre eux-m�mes �, en pleine harmonie avec le don de la foi, toujours pr�ts � rendre compte de l'esp�rance qui est en eux (cf.
1 P
3,15). Cela ne peut que favoriser aussi une compr�hension plus profonde du dimanche, pour qu'il soit v�cu, m�me dans des situations difficiles, avec une docilit� totale � l'Esprit Saint.
5. De ce point de vue, on se trouve en face d'une assez grande diversit� de situations. Il y a, d'un c�t�, l'exemple de certaines jeunes �glises, qui montrent avec quelle ferveur on peut animer la c�l�bration dominicale, dans les villes comme dans les villages les plus isol�s. Au contraire, dans d'autres r�gions, � cause des difficult�s d'ordre sociologique d�j� mentionn�es et peut-�tre � cause d'une foi trop peu motiv�e, on enregistre un pourcentage particuli�rement bas de participation � la liturgie dominicale. Dans la conscience de nombreux fid�les semble diminuer non seulement le sens de l'aspect central de l'Eucharistie, mais aussi celui du devoir de rendre gr�ce au Seigneur, en le priant avec les autres au sein de la communaut� eccl�siale.
� tout cela s'ajoute, dans les pays de mission et dans ceux qui ont �t� �vang�lis�s � une date ancienne, le fait que la p�nurie de pr�tres emp�che parfois d'assurer la c�l�bration eucharistique dominicale dans toutes les communaut�s.
6. Face � ce contexte de nouvelles situations et de questions qui en r�sultent, il semble plus que jamais n�cessaire de
reprendre les raisons doctrinales profondes
qui se trouvent � la base du pr�cepte eccl�sial, afin que tous les fid�les comprennent clairement la valeur irrempla�able du dimanche dans la vie chr�tienne. Ce faisant, nous suivons les traces de la tradition constante de l'�glise, vigoureusement rappel�e par le Concile Vatican II quand il a enseign� que, le dimanche, � les fid�les doivent se rassembler pour entendre la Parole de Dieu et participer � l'Eucharistie, et faire ainsi m�moire de la passion, de la r�surrection et de la gloire du Seigneur J�sus, en rendant gr�ces � Dieu qui les a r�g�n�r�s pour une vivante esp�rance par la r�surrection de J�sus Christ d'entre les morts (
1 P
1,3) �.(8)
7. En effet, le devoir de sanctifier le dimanche, surtout par la participation � l'Eucharistie et par un repos riche de joie chr�tienne et de fraternit�, se comprend bien si l'on consid�re les nombreuses dimensions de cette journ�e, auxquelles nous pr�terons attention dans cette Lettre.
C'est un jour qui se trouve au c�ur m�me de la vie chr�tienne. Si, depuis le d�but de mon pontificat, je ne me suis pas lass� de r�p�ter: � N'ayez pas peur! Ouvrez toutes grandes les portes au Christ! �,(9) je voudrais aujourd'hui vous inviter tous avec insistance � red�couvrir le dimanche:
N'ayez pas peur de donner votre temps au Christ!
Oui, ouvrons notre temps au Christ, pour qu'il puisse l'�clairer et l'orienter. C'est lui qui conna�t le secret du temps comme celui de l'�ternit�, et il nous confie � son jour � comme un don toujours nouveau de son amour. La red�couverte de ce jour est la gr�ce � implorer, non seulement pour vivre pleinement les exigences propres de la foi, mais aussi pour donner une r�ponse concr�te aux aspirations les plus vraies de tout �tre humain. Le temps donn� au Christ n'est jamais un temps perdu, mais plut�t un temps gagn� pour l'humanisation profonde de nos relations et de notre vie.
CHAPITRE I
DIES DOMINI
La c�l�bration de l'�uvre du Cr�ateur
� Tout fut fait par lui �
(
Jn
1,3)
8. Pour l'exp�rience chr�tienne, le dimanche est avant tout une f�te pascale, totalement illumin�e par la gloire du Christ ressuscit�. C'est la c�l�bration de la � nouvelle cr�ation �. Compris en profondeur, ce caract�re est �videmment ins�parable du message que l'�criture, d�s ses premi�res pages, nous offre sur le dessein de Dieu dans la cr�ation du monde. S'il est vrai, en effet, que le Verbe s'est fait chair � la � pl�nitude des temps � (
Ga
4,4), il n'en est pas moins vrai qu'en vertu de son myst�re m�me de Fils �ternel du P�re, il est l'origine et la fin de l'univers. C'est ce qu'affirme Jean, dans le prologue de son �vangile: � Tout fut par lui et sans lui rien ne fut � (1,3). C'est aussi ce que Paul souligne, lorsqu'il �crit aux Colossiens: � C'est en lui qu'ont �t� cr��es toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles [...]. Tout a �t� cr�� par lui et pour lui � (1,16). Cette pr�sence agissante du Fils dans l'�uvre cr�atrice de Dieu a �t� pleinement r�v�l�e par le myst�re pascal, dans lequel le Christ, ressuscitant comme � pr�mices de ceux qui se sont endormis � (
1 Co
15,20), a inaugur� la nouvelle cr�ation et ouvert la voie � ce qu'il ach�vera lui-m�me au moment de son retour glorieux, � lorsqu'il remettra la royaut� � Dieu le P�re [...], afin que Dieu soit tout en tous � (
1 Co
15,24.28).
D�s le matin de la cr�ation, le projet de Dieu impliquait donc cette � mission cosmique � du Christ. Cette
perspective christocentrique
, projet�e sur tout le d�roulement du temps, �tait pr�sente au regard bienveillant de Dieu lorsque, arr�tant tout son travail, � il b�nit le septi�me jour et le sanctifia � (
Gn
2,3). C'�tait alors � d'apr�s l'auteur sacerdotal du premier r�cit biblique de la cr�ation � la naissance du � sabbat �, qui caract�rise si fortement la premi�re Alliance et annonce en quelque sorte le jour sacr� de l'Alliance nouvelle et d�finitive. Le th�me m�me du � repos de Dieu � (cf.
Gn
2,2) et du repos offert par lui au peuple de l'exode avec l'entr�e dans la terre promise (cf.
Ex
33,14;
Dt
3,20; 12,9;
Jos
21,44;
Ps
95 [94], 11) est relu dans le Nouveau Testament sous une lumi�re nouvelle, celle du � repos sabbatique � d�finitif (
Ex
4,9), o� le Christ lui-m�me est entr� par sa r�surrection et dans lequel le peuple de Dieu est appel� � entrer, en pers�v�rant sur le chemin de son ob�issance filiale (cf.
He
4,3-16). Il est donc n�cessaire de relire la grande page de la cr�ation et d'approfondir la th�ologie du � sabbat �, pour entrer dans la pleine compr�hension du dimanche.
� Au commencement, Dieu cr�a le ciel et la terre �
(
Gn
1,1)
9. Le style po�tique du r�cit de la cr�ation dans la Gen�se rend bien l'�merveillement qui saisit l'homme � la vue de l'immensit� de la cr�ation et le sentiment d'adoration qu'il en �prouve pour Celui qui a tir� du n�ant toutes choses. Il s'agit d'une page � la forte signification religieuse, une hymne au Cr�ateur de l'univers, qui est d�sign� comme l'unique Seigneur face aux tentations r�currentes de diviniser le monde lui-m�me; c'est en m�me temps une hymne � la bont� du cr��, tout entier model� par la main puissante et mis�ricordieuse de Dieu.
� Dieu vit que cela �tait bon � (
Gn
1,10.12, etc.). Ce refrain qui scande le r�cit
jette une lumi�re favorable sur tous les �l�ments de l'univers
, laissant en m�me temps entrevoir le secret de sa juste compr�hension et de sa possible r�g�n�ration: le monde est bon dans la mesure o� il reste ancr� dans son origine et, apr�s avoir �t� souill� par le p�ch�, il redevient bon si, avec l'aide de la gr�ce, il se tourne vers Celui qui l'a fait. Cette dialectique, �videmment, ne concerne directement ni les choses inanim�es ni les animaux, mais les �tres humains, auxquels il a �t� accord� de recevoir le don incomparable de la libert�, mais aussi d'en courir le risque. Imm�diatement apr�s les r�cits de la cr�ation, la Bible met pr�cis�ment en �vidence le contraste dramatique qui existe entre la grandeur de l'homme, cr�� � l'image et � la ressemblance de Dieu, et sa chute, qui ouvre dans le monde l'histoire t�n�breuse du p�ch� et de la mort (cf.
Gn
3).
10. Sorti comme il l'est des mains de Dieu, le cosmos porte la marque de sa bont�. C'est un monde beau, digne qu'on l'admire et qu'on en jouisse, mais aussi destin� � �tre cultiv� et d�velopp�. L'� ach�vement � de l'�uvre de Dieu ouvre le monde au travail de l'homme. �
Dieu conclut au septi�me jour l'ouvrage qu'il avait fait
� (
Gn
2,2). A travers cette �vocation anthropomorphique du � travail � divin, la Bible ne nous donne pas seulement une ouverture sur le rapport myst�rieux entre le Cr�ateur et le monde cr��, mais elle jette aussi une lumi�re sur la mission de l'homme � l'�gard du cosmos. Le � travail � de Dieu est en quelque mani�re exemplaire pour l'homme. Celui-ci, en effet, n'est pas seulement appel� � habiter, mais aussi � � construire � le monde, en se faisant ainsi � collaborateur � de Dieu. Comme je l'�crivais dans l'encyclique
Laborem exercens
, les premiers chapitres de la Gen�se constituent en un sens le premier � �vangile du travail �.(10) C'est une v�rit� que souligne �galement le Concile Vatican II: � L'homme, cr�� � l'image de Dieu, a re�u l'ordre de soumettre la terre et tout ce qui y est contenu, de gouverner le monde en justice et saintet� et, en reconnaissant Dieu comme Cr�ateur de toutes choses, de lui rapporter sa personne et l'ensemble des r�alit�s, de fa�on que, tout �tant soumis � l'homme, le nom m�me de Dieu soit objet d'admiration sur toute la terre �.(11)
L'histoire exaltante du d�veloppement de la science, de la technique et de la culture dans leurs diff�rentes expressions � d�veloppement toujours plus rapide et m�me aujourd'hui vertigineux � est le fruit, dans l'histoire du monde, de la mission par laquelle Dieu a confi� � l'homme et � la femme la t�che et la responsabilit� de remplir la terre et de la soumettre par le travail, en observant sa Loi.
Le � shabbat �, repos joyeux du Cr�ateur
11. Si, dans la premi�re page de la Gen�se, le � travail � de Dieu est un exemple pour l'homme, son � repos � l'est �galement: � Au septi�me jour, il ch�ma, apr�s tout l'ouvrage qu'il avait fait � (
Gn
2,2). Ici aussi, nous sommes face � un anthropomorphisme riche de sens.
Le � repos � de Dieu ne peut �tre banalement interpr�t� comme une sorte d'� inaction � de Dieu. En effet, l'acte cr�ateur qui fonde le monde est de par sa nature permanent, et Dieu ne cesse jamais d'�tre � l'�uvre, ainsi que J�sus lui-m�me prend soin de le rappeler au sujet du pr�cepte du sabbat: � Mon P�re est � l'�uvre jusqu'� pr�sent et j'�uvre moi aussi � (
Jn
5,17). Le repos divin du septi�me jour n'�voque pas un Dieu inactif, mais il souligne la pl�nitude de la r�alisation accomplie et exprime en quelque sorte la pause faite par Dieu devant l'�uvre � tr�s bonne � (
Gn
1,31) sortie de ses mains, pour porter sur elle
un regard plein d'une joyeuse satisfaction
: c'est un regard � contemplatif �, qui ne vise plus de nouvelles r�alisations, mais plut�t la jouissance de la beaut� de ce qui a �t� accompli; un regard port� sur toutes les choses, mais en particulier sur l'homme, sommet de la cr�ation. C'est un regard dans lequel on peut d�j� en quelque sorte apercevoir la dynamique � sponsale � du rapport que Dieu veut �tablir avec la cr�ature faite � son image, en l'appelant � s'engager dans un pacte d'amour. C'est ce qu'il r�alisera progressivement, dans la perspective du salut offert � l'humanit� enti�re, par l'alliance salvifique �tablie avec Isra�l et qui culminera ensuite avec le Christ: ce sera pr�cis�ment le Verbe incarn�, par le don eschatologique de l'Esprit Saint et la constitution de l'�glise comme son corps et son �pouse, qui �tendra � toute l'humanit� l'offrande de mis�ricorde et la proposition de l'amour du P�re.
12. Dans le dessein du Cr�ateur, il y a une distinction, mais aussi un lien �troit entre l'ordre de la cr�ation et l'ordre du salut. L'Ancien Testament le souligne d�j�, quand il met le commandement concernant le �
shabbat
� en rapport non seulement avec le myst�rieux � repos � de Dieu apr�s les jours de l'activit� cr�atrice (cf.
Ex
20,8-11), mais aussi avec le salut offert par lui � Isra�l
lors de la lib�ration de l'esclavage d'�gypte
(cf.
Dt
5,12-15). Le Dieu qui se repose le septi�me jour en se r�jouissant de sa cr�ation est celui-l� m�me qui montre sa gloire en lib�rant ses fils de l'oppression du pharaon. Dans l'un et l'autre cas, on pourrait dire, selon une image ch�re aux proph�tes, qu'
il se manifeste comme l'�poux face � l'�pouse
(cf.
Os
2,16-24;
J�r
2,2;
Is
54,4-8).
Pour aller en effet au c�ur du � shabbat �, du � repos � de Dieu, comme le sugg�rent certaines donn�es de la tradition h�bra�que elle-m�me,(12) il faut saisir l'intensit� sponsale qui caract�rise, dans l'Ancien Testament comme dans le Nouveau, le rapport de Dieu avec son peuple. C'est ce qu'exprime par exemple cette merveilleuse page d'Os�e: � Je conclurai pour eux une alliance, en ce jour-l�, avec les b�tes des champs, avec les oiseaux du ciel et les reptiles du sol; l'arc, l'�p�e, la guerre, je les briserai et les bannirai du pays, et eux, je les ferai reposer en s�curit�. Je te fiancerai � moi pour toujours; je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et dans la mis�ricorde; je te fiancerai � moi dans la fid�lit� et tu conna�tras le Seigneur � (2,20-22).
� Dieu b�nit le septi�me jour et le sanctifia �
(
Gn
2,3)
13. Le pr�cepte du sabbat, qui pr�pare dans la premi�re Alliance le dimanche de la nouvelle et �ternelle Alliance, s'enracine donc dans la profondeur du dessein de Dieu. C'est pr�cis�ment pour cette raison qu'il n'est pas plac� � c�t� des prescriptions purement cultuelles, comme dans le cas de tant d'autres pr�ceptes, mais � l'int�rieur du D�calogue, des � dix paroles � qui d�crivent les piliers de la vie morale, universellement inscrite dans le c�ur de l'homme. En situant ce commandement dans la perspective des structures fondamentales de l'�thique, Isra�l puis l'�glise montrent qu'ils ne le consid�rent pas comme une simple disposition de discipline religieuse communautaire, mais comme
une expression constitutive et indispensable du rapport avec Dieu
annonc� et propos� par la r�v�lation biblique. C'est dans le m�me ordre d'id�es que ce pr�cepte doit �tre aujourd'hui red�couvert par les chr�tiens. M�me s'il pr�sente une convergence naturelle avec le besoin humain de repos, c'est n�anmoins � la foi qu'il faut avoir recours pour en saisir le sens profond et ne pas risquer de le banaliser et de le trahir.
14. Le jour du repos est donc tel, d'abord parce qu'il est le jour � b�ni � par Dieu et � sanctifi� � par lui, autrement dit s�par� des autres jours pour �tre, entre tous, le � jour du Seigneur �.
Pour comprendre pleinement le sens de cette � sanctification � du sabbat dans le premier r�cit biblique de la cr�ation, il faut regarder l'ensemble du texte, o� l'on voit clairement comment chaque r�alit�, sans exception, doit �tre ramen�e � Dieu. Le temps et l'espace lui appartiennent. Il n'est pas le Dieu d'un seul jour, mais le Dieu de tous les jours de l'homme.
Si donc il � sanctifie � le septi�me jour par une b�n�diction sp�ciale et s'il en fait � son jour � par excellence, il faut comprendre cela dans la dynamique profonde du dialogue d'alliance, et m�me du dialogue � sponsal �. C'est un dialogue d'amour qui ne conna�t pas d'interruption, sans �tre monotone pour autant: il se d�roule en effet selon les diff�rents registres de l'amour, depuis les manifestations ordinaires et indirectes jusqu'aux plus intenses, que les paroles de l'�criture et les t�moignages de nombreux mystiques ne craignent pas de d�crire avec des images tir�es de l'exp�rience de l'amour nuptial.
15. En r�alit�, toute la vie de l'homme et tout le temps de l'homme doivent �tre v�cus comme louange et action de gr�ce envers le Cr�ateur. Mais la relation de l'homme avec Dieu
a �galement besoin de temps de pri�re explicite
, o� le rapport devient un dialogue intense, qui engage tous les aspects de la personne. Le � jour du Seigneur � est, par excellence, le jour de cette relation dans laquelle l'homme �l�ve � Dieu son chant, en se faisant la voix de toute la cr�ation.
C'est pr�cis�ment pourquoi il est aussi
le jour du repos
: l'interruption du rythme souvent oppressant des occupations traduit, dans le langage expressif de la � nouveaut� � et du � d�tachement �, la reconnaissance de la d�pendance de la personne et du cosmos par rapport � Dieu.
Tout est de Dieu!
Le jour du Seigneur vient continuellement affirmer ce principe. Le � sabbat � a donc �t� interpr�t� de mani�re suggestive comme un �l�ment d�terminant dans la sorte d'� architecture sacr�e � du temps qui caract�rise la r�v�lation biblique.(13) Il est l� pour rappeler que
le cosmos et l'histoire appartiennent � Dieu
, et que l'homme ne peut se consacrer � son �uvre de collaborateur du Cr�ateur dans le monde sans prendre constamment conscience de cette v�rit�.
� Faire m�moire � pour � sanctifier �
16. Le commandement du D�calogue par lequel Dieu impose l'observance du sabbat est, dans le livre de l'Exode, formul� de mani�re caract�ristique: � Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier � (20,8). Plus loin, le texte inspir� en donne le motif, lorsqu'il rappelle l'�uvre de Dieu: � Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, mais il s'est repos� le septi�me jour; c'est pourquoi le Seigneur a b�ni le jour du sabbat et l'a consacr� � (v. 11). Avant d'imposer quelque chose �
faire
, le commandement signale quelque chose dont il faut
faire m�moire
. Il invite � ranimer la m�moire de l'�uvre de Dieu, grande et fondamentale, qu'est la cr�ation. Cette m�moire doit vivifier toute la vie religieuse de l'homme pour d�boucher sur le jour o� l'homme est appel� �
se reposer
. Le repos rev�t ainsi comme une valeur sacr�e caract�ristique: le fid�le est invit� � se reposer non seulement
comme
Dieu s'est repos�, mais � se reposer
dans
le Seigneur, en lui remettant toute la cr�ation, par la louange, l'action de gr�ce, l'intimit� filiale et l'amiti� sponsale.
17. Le th�me du � souvenir � des merveilles accomplies par Dieu, en rapport avec le repos du sabbat, appara�t aussi dans le texte du Deut�ronome (5,12-15), o� le fondement du pr�cepte est situ� non pas tant dans l'�uvre de la cr�ation que dans celle de la lib�ration op�r�e par Dieu dans l'Exode: � Tu te souviendras que tu as �t� en servitude au pays d'�gypte et que le Seigneur ton Dieu t'en a fait sortir d'une main forte et d'un bras �tendu; c'est pourquoi le Seigneur ton Dieu t'a command� de garder le jour du sabbat � (
Dt
5,15).
Cette formulation appara�t compl�mentaire de la pr�c�dente: prises ensemble, elles r�v�lent le sens du � jour du Seigneur � dans une perspective unitaire de th�ologie de la cr�ation et du salut. Le contenu du pr�cepte n'est donc pas-d'abord une simple
interruption
du travail, mais la
c�l�bration
des merveilles op�r�es par Dieu.
Dans la mesure o� ce � souvenir �,
plein de reconnaissance et de louange pour Dieu
, est vif, le repos de l'homme, le jour du Seigneur, prend sa pleine signification. Avec lui, l'homme entre dans la dimension du � repos � de Dieu et il y participe profond�ment, devenant ainsi capable d'�prouver un fr�missement de la joie que le Cr�ateur lui-m�me �prouva apr�s la cr�ation en voyant que tout ce qu'il avait fait � �tait tr�s bon � (
Gn
1,31).
Du sabbat au dimanche
18. �tant donn� que le troisi�me commandement d�pend par essence de la m�moire des �uvres salvifiques de Dieu, les chr�tiens, percevant l'originalit� du temps nouveau et d�finitif inaugur� par le Christ, ont pris comme jour de f�te le premier jour apr�s le sabbat, parce que ce jour-l� a eu lieu la r�surrection du Seigneur. Le myst�re pascal du Christ constitue, en effet, la pleine r�v�lation du myst�re des origines, le sommet de l'histoire du salut et l'anticipation de l'accomplissement eschatologique du monde. Ce que Dieu a op�r� dans la cr�ation et ce qu'il a fait pour son peuple dans l'Exode a trouv� son accomplissement dans la mort et la r�surrection du Christ, m�me si son expression d�finitive n'aura lieu que dans la parousie par la venue du Christ en gloire. En lui se r�alise pleinement le sens � spirituel � du sabbat, ainsi que le souligne saint Gr�goire le Grand: � Nous consid�rons que la personne de notre R�dempteur, notre Seigneur J�sus Christ, est le vrai sabbat �.(14) C'est pourquoi la joie avec laquelle Dieu contemple, au premier sabbat de l'humanit�, la cr�ation tir�e du n�ant est d�sormais exprim�e par la joie avec laquelle le Christ est apparu aux siens le dimanche de P�ques, apportant le don de la paix et de l'Esprit (cf.
Jn
20,19-23). En effet, dans le myst�re pascal, la condition humaine, et avec elle la cr�ation tout enti�re, qui � jusqu'� ce jour g�mit en travail d'enfantement � (
Rm
8,22), a connu son nouvel � exode � vers la libert� des fils de Dieu qui peuvent crier, avec le Christ, � Abba, P�re � (
Rm
8,15;
Ga
4,6). A la lumi�re de ce myst�re, le sens du pr�cepte v�t�rotestamentaire sur le jour du Seigneur est repris, int�gr� et pleinement d�voil� dans la gloire qui brille sur le visage du Christ ressuscit� (cf.
2 Co
4,6). Du � sabbat �, on passe au � premier jour apr�s le sabbat �, du septi�me jour, au premier jour: le
dies Domini
devient le
dies Christi
!
CHAPITRE II
DIES CHRISTI
Le jour du Seigneur ressuscit� et du don de l'Esprit
La P�que hebdomadaire
19. � Nous c�l�brons le dimanche � cause de la v�n�rable r�surrection de notre Seigneur J�sus Christ, non seulement � P�ques, mais aussi � chaque cycle hebdomadaire �: c'est ainsi que s'exprimait, au d�but du Ve si�cle, le Pape Innocent Ier,(15) t�moignant d'une pratique d�sormais bien �tablie, qui s'�tait d�velopp�e d�s les premi�res ann�es qui ont suivi la r�surrection du Seigneur. Saint Basile parle du � saint dimanche, honor� par la r�surrection du Seigneur, pr�mices de tous les autres jours �.(16) Saint Augustin appelle le dimanche � le sacrement de la P�que �.(17)
Ce lien intime du dimanche avec la r�surrection du Seigneur est fortement soulign� par toutes les �glises, en Occident comme en Orient. Dans la tradition des �glises orientales, en particulier, chaque dimanche est l'anastasimos h�mera, le jour de la r�surrection,(18) et en raison de ce caract�re il est le centre de tout le culte.
� la lumi�re de cette tradition ininterrompue et universelle, on voit clairement que, m�me si le jour du Seigneur plonge ses racines, comme on l'a dit, dans l'�uvre m�me de la cr�ation, et plus directement dans le myst�re biblique du � repos � de Dieu, c'est cependant � la r�surrection du Christ qu'il faut se r�f�rer pr�cis�ment pour en saisir pleinement la signification. C'est bien le cas du dimanche chr�tien, qui propose chaque semaine � la m�ditation et � la vie des fid�les l'�v�nement pascal, d'o� jaillit le salut du monde.
20. Selon le t�moignage concordant des �vangiles, la r�surrection de J�sus Christ d'entre les morts eut lieu � le premier jour apr�s le sabbat � (
Mc
16,2.9;
Lc
24,1;
Jn
20,1). En ce m�me jour, le Ressuscit� se manifesta aux deux disciples d'Emma�s (cf.
Lc
24,13-35) et il apparut aux onze Ap�tres r�unis (cf.
Lc
24,36;
Jn
20,19). Huit jours apr�s � comme en t�moigne l'�vangile de Jean (cf. 20,26) � les disciples se trouvaient de nouveau r�unis, quand J�sus leur apparut et se fit reconna�tre par Thomas, en lui montrant les signes de sa passion. Le jour de la Pentec�te �tait un dimanche, premier jour de la huiti�me semaine apr�s la p�que juive (cf.
Ac
2,1), quand par l'effusion de l'Esprit Saint se r�alisa la promesse faite par J�sus aux Ap�tres apr�s la r�surrection (cf.
Lc
24,49;
Ac
1,4-5). Ce fut le jour de la premi�re annonce et des premiers bapt�mes: Pierre proclama � la foule r�unie que le Christ �tait ressuscit� et � ceux qui accueillirent sa parole furent baptis�s � (
Ac
2,41). Ce fut l'�piphanie de l'�glise, manifest�e comme peuple dans lequel se rejoignent dans l'unit�, au-del� de toutes les diversit�s, les enfants de Dieu dispers�s.
Le premier jour de la semaine
21. C'est sur cette base que, depuis les temps apostoliques, � le premier jour apr�s le sabbat �, premier jour de la semaine, commen�a � caract�riser le rythme m�me de la vie des disciples du Christ (cf. 1
Co
16,2). Le � premier jour apr�s le sabbat � �tait aussi celui o� les fid�les de Troas se trouvaient r�unis � pour la fraction du pain �, quand Paul leur adressa son discours d'adieu et accomplit un miracle pour ranimer le jeune Eutyque (cf.
Ac
20,7-12). Le livre de l'Apocalypse t�moigne de l'usage qui s'est r�pandu de donner � ce premier jour de la semaine le nom de � jour du Seigneur � (1,10). D�sormais ce sera l'une des caract�ristiques qui distingueront les chr�tiens du monde environnant. C'est ce que notait, d�s le d�but du deuxi�me si�cle, le gouverneur de Bithynie, Pline le Jeune, constatant l'habitude des chr�tiens � de se r�unir � jour fixe avant le lever du soleil et de chanter entre eux une hymne au Christ comme � un dieu �.(19) En effet, quand les chr�tiens disaient � jour du Seigneur �, ils le faisaient en donnant � ce terme la pl�nitude de sens d�coulant du message pascal: � J�sus Christ est Seigneur � (
Ph
2, 11; cf.
Ac
2,36;
1 Co
12,3). On reconnaissait ainsi au Christ le titre m�me par lequel les Septante traduisaient, dans la r�v�lation de l'Ancien Testament, le nom propre de Dieu, JHWH, qu'il n'�tait pas licite de prononcer.
22. En ces premiers temps de l'�glise, le rythme hebdomadaire des jours n'�tait g�n�ralement pas connu dans les r�gions o� l'�vangile se r�pandait et les jours festifs des calendriers grec et romain ne co�ncidaient pas avec le dimanche chr�tien. Cela entra�nait pour les chr�tiens une difficult� importante � observer le jour du Seigneur avec son caract�re hebdomadaire fixe. On explique ainsi la raison pour laquelle les fid�les furent contraints de se r�unir avant le lever du soleil.(20) Cependant la fid�lit� au rythme hebdomadaire s'imposait parce qu'elle �tait fond�e sur le Nouveau Testament et li�e � la r�v�lation de l'Ancien Testament. Les Apolog�tes et les P�res de l'�glise le soulignent volontiers dans leurs �crits et dans leur pr�dication. Le myst�re pascal �tait illustr� gr�ce � ces textes de l'�criture que, selon le t�moignage de saint Luc (cf. 24,27.44-47), le Christ ressuscit� lui-m�me devait avoir expliqu� � ses disciples. � la lumi�re de ces textes, la c�l�bration du jour de la r�surrection prenait une valeur doctrinale et symbolique capable d'exprimer toute la nouveaut� du myst�re chr�tien.
Diff�renciation progressive par rapport au sabbat
23. C'est sur cette nouveaut� qu'insiste la cat�ch�se des premiers si�cles, en s'employant � sp�cifier le dimanche par rapport au sabbat juif. Le jour du sabbat, les juifs avaient le devoir de se r�unir � la synagogue et ils devaient pratiquer le repos prescrit par la Loi. Les Ap�tres, et en particulier saint Paul, continu�rent tout d'abord � fr�quenter la synagogue pour pouvoir y annoncer J�sus Christ en commentant � les paroles des proph�tes qu'on lit chaque sabbat � (
Ac
13,27). Dans certaines communaut�s on pouvait remarquer la coexistence de l'observance du sabbat et de la c�l�bration dominicale. Bien vite, cependant, on commen�a � distinguer les deux jours de fa�on toujours plus nette, surtout pour r�agir aux insistances des chr�tiens qui, provenant du juda�sme, �taient enclins � conserver les obligations de l'ancienne Loi. Saint Ignace d'Antioche �crit: � Si ceux qui vivaient dans l'ancien �tat des choses sont venus � une nouvelle esp�rance, n'observant plus le sabbat mais vivant selon le jour du Seigneur, jour o� notre vie s'est lev�e par lui et par sa mort [...], myst�re dont nous avons re�u la foi et dans lequel nous pers�v�rons pour �tre trouv�s authentiques disciples du Christ, notre seul Ma�tre, comment pourrions-nous vivre sans lui, du moment que les proph�tes aussi, �tant ses disciples dans l'Esprit, l'attendaient comme ma�tre? �.(21) Et saint Augustin � son tour observe: � C'est pourquoi aussi le Seigneur a imprim� son sceau � son jour, qui est le troisi�me apr�s la passion. Mais, dans le cycle hebdomadaire, il est le huiti�me apr�s le septi�me c'est-�-dire apr�s le sabbat, et le premier de la semaine �.(22) La distinction entre le dimanche et le sabbat juif s'affirme toujours plus dans la conscience eccl�siale, mais, en certaines p�riodes de l'histoire, � cause de l'insistance mise sur l'obligation du repos dominical, on enregistrera une certaine tendance � la � sabbatisation � du jour du Seigneur. Dans bien des r�gions de la chr�tient� le sabbat et le dimanche ont �t� observ�s comme � deux jours fr�res �.(23)
Le jour de la nouvelle cr�ation
24. La comparaison entre le dimanche chr�tien et la conception du sabbat, propre � l'Ancien Testament, a suscit� aussi des approfondissements th�ologiques de grand int�r�t. On a notamment mis en lumi�re la relation particuli�re qui existe entre la r�surrection et la cr�ation. En effet, la r�flexion chr�tienne a spontan�ment reli� la r�surrection survenue � le premier jour apr�s le sabbat � au premier jour de la semaine cosmique (cf.
Gn
1,1 � 2,4) qui, dans le livre de la Gen�se, rythme l'�v�nement de la cr�ation: le jour de la cr�ation de la lumi�re (cf. 1,3-5). Un tel lien invitait � comprendre la r�surrection comme le commencement d'une nouvelle cr�ation, dont le Christ glorieux constitue les pr�mices, �tant lui-m�me � Premier-n� de toute cr�ature � (
Col
1,15) et aussi � Premier-n� d'entre les morts � (
Col
1,18).
25. Le dimanche est, en effet, le jour o�, plus qu'en tout autre, le chr�tien est appel� � se souvenir du salut qui lui a �t� offert dans le bapt�me et qui a fait de lui un homme nouveau dans le Christ. � Ensevelis avec lui lors du bapt�me, vous en �tes aussi ressuscit�s avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscit� des morts � (
Col
2,12; cf.
Rm
6,4-6). La liturgie souligne cette dimension baptismale du dimanche en invitant � c�l�brer aussi les bapt�mes, en plus de la Veill�e pascale, en ce jour de la semaine � o� l'�glise comm�more la r�surrection du Seigneur �,(24) et aussi en sugg�rant, comme rite p�nitentiel appropri� au commencement de la Messe, l'aspersion avec l'eau b�nite, qui rappelle pr�cis�ment l'�v�nement baptismal dans lequel na�t toute existence chr�tienne.(25)
Le huiti�me jour, figure de l'�ternit�
26. D'autre part, le fait que le sabbat soit le septi�me jour de la semaine fait envisager le jour du Seigneur � la lumi�re d'un symbolisme compl�mentaire, cher aux P�res: le dimanche est le premier jour et aussi � le huiti�me jour �, c'est-�-dire plac�, par rapport � la succession sept�naire des jours, dans une position unique et transcendante, qui �voque non seulement le commencement du temps, mais encore son terme, dans le � si�cle � venir �. Saint Basile explique que le dimanche repr�sente le jour vraiment unique qui suivra le temps actuel, le jour infini qui ne conna�tra ni soir ni matin, le si�cle imp�rissable qui ne pourra pas vieillir; le dimanche est l'annonce constante de la vie sans fin, qui ranime l'esp�rance des chr�tiens et les encourage sur leur route.(26) Dans la perspective du dernier jour, qui r�alisera pleinement le symbolisme anticipateur du sabbat, saint Augustin conclut les Confessions en parlant de l'eschaton comme � paix du repos, paix du sabbat, paix sans soir �.(27) La c�l�bration du dimanche, en m�me temps � premier � et � huiti�me � jour, projette le chr�tien vers le but qui est la vie �ternelle.(28)
Le jour du Christ-lumi�re
27. Dans cette perspective christocentrique, on saisit une autre valeur symbolique que la r�flexion croyante et la pratique pastorale ont attribu�e au jour du Seigneur. En effet, une intuition pastorale judicieuse a sugg�r� � l'�glise de christianiser, pour le dimanche, la connotation de � jour du soleil �, expression par laquelle les romains d�nommaient ce jour et qui se retrouve encore dans quelques langues contemporaines; (29) elle d�tournait ainsi les fid�les des s�ductions de cultes qui divinisaient le soleil et elle orientait la c�l�bration de ce jour vers le Christ, vrai � soleil � de l'humanit�. Saint Justin, �crivant aux pa�ens, utilise la terminologie courante pour noter que les chr�tiens faisaient leur assembl�e � le jour dit du soleil �,(30) mais la r�f�rence � cette expression prend d�sormais pour les croyants un sens nouveau, parfaitement �vang�lique.(31) Le Christ est en effet la lumi�re du monde (cf.
Jn
9,5; cf. aussi 1,4-5.9), et le jour comm�moratif de sa r�surrection est le reflet �ternel, dans le rythme hebdomadaire du temps, de cette �piphanie de sa gloire. Le th�me du dimanche comme jour illumin� par le triomphe du Christ resuscit� se retrouve dans la Liturgie des Heures (32) et il a un relief particulier dans la veill�e nocturne qui, dans les liturgies orientales, pr�pare et ouvre le dimanche. Se rassemblant en ce jour, l'�glise fait sienne, de g�n�ration en g�n�ration, l'�merveillement de Zacharie lorsqu'il porte son regard vers le Christ qu'il annonce comme � soleil qui surgit pour illuminer ceux qui demeurent dans les t�n�bres et l'ombre de la mort � (
Lc
1,78-79), et elle vibre en harmonie avec la joie �prouv�e par Sym�on quand il prend dans ses bras l'Enfant divin venu comme � lumi�re pour �clairer les nations � (
Lc
2,32).
Le jour du don de l'Esprit
28. Jour de lumi�re, le dimanche pourrait aussi se dire, en r�f�rence � l'Esprit Saint, jour du � feu �. La lumi�re du Christ, en effet, est intimement li�e au � feu � de l'Esprit, et les deux images indiquent le sens du dimanche chr�tien.(33) Apparaissant aux Ap�tres le soir de P�ques, J�sus souffla sur eux et dit: � Recevez l'Esprit Saint. Ceux � qui vous remettrez les p�ch�s, ils leur seront remis; ceux � qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus � (
Jn
20,22-23). L'effusion de l'Esprit fut le grand don du Ressuscit� � ses disciples le dimanche de P�ques. C'est encore un dimanche que, cinquante jours apr�s la r�surrection, l'Esprit descendit avec puissance, comme � un vent violent � et comme � un feu � (
Ac
2,2-3), sur les Ap�tres r�unis avec Marie. La Pentec�te n'est pas seulement un �v�nement originel, mais un myst�re qui anime en permanence l'�glise.(34) Si cet �v�nement a son temps fort liturgique dans la c�l�bration annuelle par laquelle se cl�t le � grand dimanche �,(35) il demeure aussi inscrit, justement pour son lien intime avec le myst�re pascal, dans la signification profonde de chaque dimanche. La � P�que de la semaine � se fait ainsi, en quelque sorte, � Pentec�te de la semaine �, dans laquelle les chr�tiens revivent l'exp�rience joyeuse de la rencontre des Ap�tres avec le Ressuscit�, en se laissant vivifier par le souffle de son Esprit.
Le jour de la foi
29. Par toutes ces dimensions qui le caract�risent, le dimanche appara�t par excellence comme le jour de la foi. En lui l'Esprit Saint, � m�moire � vive de l'�glise (cf.
Jn
14,26), fait de la premi�re manifestation du Ressuscit� un �v�nement qui se renouvelle dans � l'aujourd'hui � de chacun des disciples du Christ. Situ�s devant lui, dans l'assembl�e dominicale, les croyants se sentent interpell�s comme l'Ap�tre Thomas: � Porte ton doigt ici: voici mes mains; avance ta main et mets-la dans mon c�t�, et ne deviens pas incr�dule, mais croyant! � (
Jn
20,27). Oui, le dimanche est le jour de la foi. Le fait que la liturgie eucharistique dominicale, comme par ailleurs celle des solennit�s liturgiques, pr�voit la profession de foi, le souligne. Le � Credo �, r�cit� ou chant�, souligne le caract�re baptismal et pascal du dimanche, en en faisant le jour o�, � titre sp�cial, le baptis� renouvelle son adh�sion au Christ et � son �vangile dans une conscience raviv�e des promesses baptismales. Accueillant la Parole et recevant le Corps du Seigneur, il contemple J�sus ressuscit� pr�sent dans les � signes sacr�s � et il confesse avec l'ap�tre Thomas: � Mon Seigneur et mon Dieu! � (
Jn
20,28).
Un jour auquel on ne peut renoncer!
30. On comprend alors pourquoi, m�me dans le contexte des difficult�s de notre temps, l'identit� de ce jour doit �tre sauvegard�e et surtout profond�ment v�cue. Un auteur oriental du d�but du troisi�me si�cle rapporte que dans chaque r�gion les fid�les sanctifiaient d�j� r�guli�rement le dimanche.(36) La pratique spontan�e est devenue ensuite norme juridiquement sanctionn�e: le jour du Seigneur a rythm� l'histoire bimill�naire de l'�glise. Comment pourrait-on penser qu'il ne continue pas � marquer son avenir? Les probl�mes qui, de notre temps, peuvent rendre plus difficile la pratique du devoir dominical trouvent effectivement l'�glise sensible et maternellement attentive aux conditions de chacun de ses enfants. Elle se sent appel�e en particulier � un nouvel engagement cat�ch�tique et pastoral, pour qu'aucun d'eux, dans les conditions de vie normales, ne demeure priv� de l'abondance de gr�ce que la c�l�bration du jour du Seigneur porte en elle. Dans le m�me esprit, prenant position sur des hypoth�ses de r�forme du calendrier eccl�sial par rapport � des variations des syst�mes de calendrier civil, le Concile �cum�nique Vatican II a d�clar� que les seules auxquelles l'�glise ne s'oppose pas sont celles � qui respectent et sauve-gardent la semaine de sept jours avec le dimanche �.(37) Au seuil du troisi�me mill�naire, la c�l�bration du dimanche chr�tien, pour les significations qu'il �voque et les dimensions qu'il implique par rapport aux fondements m�mes de la foi, demeure un �l�ment d�terminant de l'identit� chr�tienne.
CHAPITRE III
DIES ECCLESIAE
L'assembl�e eucharistique, c�ur du dimanche
La pr�sence du Ressuscit�
31. � Je suis avec vous pour toujours jusqu'� la fin du monde � (
Mt
28,20). Cette promesse du Christ continue � �tre entendue dans l'�glise qui y trouve le secret f�cond de sa vie et la source de son esp�rance. Si le dimanche est le jour de la r�surrection, il n'est pas seulement le souvenir d'un �v�nement pass�: il est la c�l�bration de la pr�sence vivante du Ressuscit� au milieu des siens.
Pour que cette pr�sence soit annonc�e et v�cue comme il convient, il ne suffit pas que les disciples du Christ prient individuellement et fassent m�moire int�rieurement, dans le secret de leur c�ur, de la mort et de la r�surrection du Christ. En effet, ceux qui ont re�u la gr�ce du bapt�me n'ont pas �t� sauv�s seulement � titre individuel, mais comme membres du Corps mystique qui font partie du peuple de Dieu.(38) Il est donc important qu'ils se r�unissent pour exprimer pleinement l'identit� m�me de l'�glise, l'
ekkles�a
, l'assembl�e convoqu�e par le Seigneur ressuscit�, Lui qui a offert sa vie � afin de rassembler dans l'unit� les enfants de Dieu dispers�s � (
Jn
11,52). Ils sont devenus � un � dans le Christ (cf.
Gal
3,28) par le don de l'Esprit. Cette unit� se manifeste ext�rieurement lorsque les chr�tiens se r�unissent: ils prennent alors vivement conscience d'�tre le peuple des rachet�s, compos� d' � hommes de toute race, langue, peuple et nation � (
Ap
5,9) et ils en t�moignent devant le monde. Dans l'assembl�e des disciples du Christ, se prolonge dans le temps l'image de la premi�re communaut� chr�tienne que Luc a voulu d�crire de mani�re exemplaire dans les Actes des Ap�tres, lorsqu'il �crit que les premiers baptis�s � se montraient assidus � l'enseignement des Ap�tres, fid�les � la communion fraternelle, � la fraction du pain et aux pri�res � (2,42).
L'assembl�e eucharistique
32. Cette r�alit� de la vie eccl�siale trouve dans l'Eucharistie non seulement une expression particuli�rement intense, mais, en un sens, le lieu m�me de sa � source �.(39) L'Eucharistie nourrit et forme l'�glise: � Parce qu'il n'y a qu'un seul pain, � plusieurs nous ne sommes qu'un corps, car tous nous participons � ce pain unique � (
1 Co
10,17). De par son rapport vital avec le sacrement du Corps et du Sang du Seigneur, le myst�re de l'�glise est annonc�, go�t� et v�cu avant tout dans l'Eucharistie.(40)
La dimension intrins�quement eccl�siale de l'Eucharistie se r�alise toutes les fois qu'elle est c�l�br�e. Mais, � plus forte raison, elle s'exprime le jour o� toute la communaut� est convoqu�e pour faire m�moire de la r�surrection du Seigneur. De mani�re significative, le Cat�chisme de l'�glise catholique enseigne que � la c�l�bration dominicale du jour et de l'Eucharistie du Seigneur est au c�ur de la vie de l'�glise �.(41)
33. C'est justement lors de la Messe dominicale que les chr�tiens revivent avec une intensit� particuli�re l'exp�rience faite par les Ap�tres r�unis le soir de P�ques, lorsque le Ressuscit� se manifesta devant eux (cf.
Jn
20,19). Dans ce petit noyau de disciples, pr�mices de l'�glise, se trouvait pr�sent d'une certaine fa�on le peuple de Dieu de tous les temps. Dans leur t�moignage r�sonne pour toutes les g�n�rations de croyants le salut du Christ, riche du don messianique de la paix acquise par son sang et donn�e en m�me temps que son Esprit: � Paix � vous! �. Au retour du Christ parmi eux � huit jours apr�s � (
Jn
20,26), on peut voir pr�figur� l'usage de la communaut� chr�tienne de se rassembler chaque huiti�me jour, le � jour du Seigneur � ou dimanche, pour professer la foi en sa r�surrection et pour recevoir les fruits de la promesse exprim�e dans la b�atitude: � Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru � (
Jn
20,29). Ce lien �troit entre la manifestation du Ressuscit� et l'Eucharistie est sugg�r� par l'�vangile de Luc dans le r�cit concernant les deux disciples d'Emma�s, auxquels le Christ se joignit lui-m�me, en les guidant dans l'intelligence de la Parole et enfin en restant � table avec eux. Ils le reconnurent quand il � prit le pain, dit la b�n�diction, puis le rompit et le leur donna � (24,30). Les gestes accomplis par J�sus dans ce r�cit sont les m�mes qu'� la derni�re C�ne, avec une allusion claire � la � fraction du pain �, expression qu'emploie la premi�re g�n�ration chr�tienne pour d�signer l'Eucharistie.
L'Eucharistie dominicale
34. Assur�ment, l'Eucharistie dominicale n'a pas en soi un statut diff�rent de celle qui est c�l�br�e n'importe quel autre jour, et elle n'est pas s�parable de l'ensemble de la vie liturgique et sacramentelle. Par sa nature, elle est une �piphanie de l'�glise,(42) dont le moment le plus significatif est celui o� la communaut� dioc�saine se rassemble pour prier avec son Pasteur: � La principale manifestation de l'�glise r�side dans la participation pl�ni�re et active de tout le saint peuple de Dieu aux m�mes c�l�brations liturgiques, surtout � la m�me Eucharistie, dans une seule pri�re, aupr�s de l'autel unique o� pr�side l'�v�que entour� de son presbyt�rium et de ses ministres �.(43) La relation avec l'�v�que et avec la communaut� eccl�siale tout enti�re est inscrite dans chaque c�l�bration eucharistique, m�me non pr�sid�e par l'�v�que, quel que soit le jour de la semaine o� elle est c�l�br�e. La mention de l'�v�que dans la pri�re eucharistique en est l'expression.
Toutefois, l'Eucharistie dominicale, avec l'obligation de la pr�sence communautaire et la solennit� particuli�re qui la distingue, pr�cis�ment parce qu'elle est c�l�br�e � le jour o� le Christ est ressuscit� d'entre les morts et nous a fait participer � sa vie immortelle �,(44) souligne avec plus de force sa dimension eccl�siale, se situant comme le mod�le des autres c�l�brations eucharistiques. Chaque communaut�, r�unissant tous ses membres pour la � fraction du pain �, prend conscience d'�tre un lieu o� le myst�re de l'�glise se r�alise concr�tement. Dans la c�l�bration m�me, la communaut� s'ouvre � la communion avec l'�glise universelle,(45) en implorant le P�re afin qu'� il se souvienne de son �glise r�pandue � travers le monde � et la fasse grandir dans l'unit� de tous les fid�les avec le Pape et avec les Pasteurs des diff�rentes �glises, afin qu'elle parvienne � la perfection de l'amour.
Le jour de l'�glise
35. Ainsi le dies Domini se r�v�le �tre aussi
dies Ecclesi�
. On comprend alors pourquoi la dimension communautaire de la c�l�bration dominicale doit �tre particuli�rement mise en valeur sur le plan pastoral. Comme j'ai eu l'occasion de le rappeler dans d'autres circonstances, parmi les nombreuses activit�s d'une paroisse, � pour la communaut�, aucune n'est aussi vitale et n'apporte autant pour la formation que, le dimanche, la c�l�bration du jour du Seigneur et de l'Eucharistie �.(46) Dans ce sens, le Concile Vatican II a rappel� la n�cessit� de � travailler pour que s'affirme avec vigueur le sens de la communaut� paroissiale, surtout dans la c�l�bration commune de la Messe dominicale �.(47) Dans le m�me sens se situent les orientations liturgiques ult�rieures qui demandent que, le dimanche et les jours de f�te, les c�l�brations eucharistiques faites normalement dans d'autres �glises ou chapelles soient coordonn�es avec la c�l�bration de l'�glise paroissiale, cela pr�cis�ment pour � que le sens de la communaut� eccl�siale, sp�cialement nourri et exprim� par la c�l�bration commune de la messe dominicale, soit entretenu et autour de l'�v�que, surtout dans l'�glise cath�drale, et dans l'assembl�e paroissiale dont le pasteur tient la place de l'�v�que �.(48)
36. L'assembl�e dominicale est un lieu privil�gi� d'unit�: on y c�l�bre en effet le
sacramentum unitatis
qui caract�rise profond�ment l'�glise, peuple rassembl� � par � et � dans � l'unit� du P�re, du Fils et de l'Esprit Saint.(49) En elle, les familles chr�tiennes vivent une des expressions les meilleures de leur identit� et de leur � minist�re � d'� �glises domestiques �, lorsque les parents participent avec leurs enfants � l'unique table de la Parole et du Pain de vie.(50) Il convient de rappeler � ce sujet qu'il revient d'abord aux parents d'apprendre � leurs enfants � participer � la Messe dominicale, aid�s en cela par les cat�chistes qui doivent se pr�occuper d'int�grer l'initiation � la Messe dans le parcours de la formation des enfants qui leur sont confi�s, leur montrant le motif profond du caract�re obligatoire du pr�cepte. Lorsque les circonstances y invitent, la c�l�bration de Messes pour les enfants contribuera � cette formation, suivant les diverses modalit�s pr�vues par les normes liturgiques.(51)
Aux Messes dominicales de la paroisse, en tant que � communaut� eucharistique �,(52) il est normal que se retrouvent les groupes, les mouvements, les associations, et encore les petites communaut�s religieuses qui y r�sident. Cela leur permet de faire l'exp�rience de ce qu'ils ont de plus profond�ment commun, au-del� des particularit�s des voies spirituelles qui les caract�risent l�gitimement, dans l'ob�issance au discernement de l'autorit� eccl�siale.(53) C'est pourquoi le dimanche, jour de l'assembl�e, les Messes des petits groupes ne sont pas � encourager: il ne s'agit pas seulement d'�viter que les assembl�es paroissiales soient priv�es du minist�re des pr�tres, mais aussi de faire en sorte que la vie et l'unit� de la communaut� eccl�siale soient pleinement sauvegard�es et soutenues.(54) Il appartient au discernement �clair� des Pasteurs des �glises particuli�res d'autoriser �ventuellement des d�rogations bien pr�cis�es � cette directive, en consid�ration des exigences sp�cifiques de formation et de pastorale, compte tenu du bien des personnes ou des groupes, et en particulier des fruits qui peuvent en r�sulter pour toute la communaut� chr�tienne.
Le peuple en p�lerinage
37. Dans la perspective de la route de l'�glise au cours du temps, le rappel de la r�surrection du Christ et le rythme hebdomadaire de cette m�moire solennelle aident � montrer que le peuple de Dieu est en p�lerinage et qu'il a une dimension eschatologique. En effet, de dimanche en dimanche, l'�glise avance vers le dernier � jour du Seigneur �, le dimanche �ternel. En r�alit�, l'attente de la venue du Christ fait partie int�grante du myst�re m�me de l'�glise (55) et s'exprime dans chaque c�l�bration eucharistique. Mais le jour du Seigneur, avec la m�moire sp�cifique que l'on y fait de la gloire du Christ ressuscit�, rappelle aussi avec plus de force la gloire de son futur � retour �. Cela fait du dimanche le jour o� l'�glise, manifestant plus clairement son caract�re � sponsal �, anticipe d'une certaine fa�on la r�alit� eschatologique de la J�rusalem c�leste. En r�unissant ses fils dans l'assembl�e eucharistique et en leur apprenant � attendre � l'�poux divin �, l'�glise fait une sorte d'� exercice du d�sir �,(56) dans lequel elle conna�t � l'avance la joie des cieux nouveaux et de la terre nouvelle, lorsque la cit� sainte, la J�rusalem nouvelle, descendra du ciel, de chez Dieu, � belle comme une jeune mari�e par�e pour son �poux � (
Ap
21,2).
Le jour de l'esp�rance
38. De ce point de vue, si le dimanche est le jour de la foi, il n'en est pas moins le jour de l'esp�rance chr�tienne. La participation � la � C�ne du Seigneur � est en effet une anticipation du banquet eschatologique pour les � noces de l'Agneau � (
Ap
19,9). En c�l�brant le m�morial du Christ, ressuscit� et mont� au ciel, la communaut� chr�tienne se situe � en cette vie o� nous esp�rons le bonheur que tu promets et l'av�nement de J�sus Christ, notre Sauveur �.(57) V�cue et nourrie � cet intense rythme hebdomadaire, l'esp�rance chr�tienne se fait levain et lumi�re de toute l'esp�rance humaine. C'est pour cela que, dans la pri�re � universelle �, on ne rassemble pas seulement les pr�occupations de la communaut� chr�tienne, mais aussi celles de toute l'humanit�; l'�glise, r�unie pour la c�l�bration eucharis-
tique, donne au monde le t�moignage qu'elle fait siennes � les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de notre temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent �.(58) En couronnant par l'offrande eucharistique dominicale le t�moignage que ses fils, absorb�s dans le travail et dans les diverses occupations de la vie, s'efforcent d'offrir tous les jours de la semaine par l'annonce de l'�vangile et la pratique de la charit�, l'�glise manifeste de la mani�re la plus �vidente qu'elle est � en quelque sorte le sacrement, c'est-�-dire le signe et l'instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unit� de tout le genre humain �.(59)
La table de la Parole
39. Dans l'assembl�e dominicale, comme du reste dans toute c�l�bration eucharistique, la rencontre avec le Ressuscit� a lieu par la participation aux deux tables de la Parole et du Pain de vie. La premi�re continue � donner l'intelligence de l'histoire du salut et, en particulier, du mys�re pascal � laquelle J�sus ressuscit� a lui-m�me introduit les disciples: c'est lui qui parle, car il est pr�sent dans sa Parole � pendant que sont lues dans l'�glise les saintes �critures �.(60) En la deuxi�me table, la pr�sence r�elle, substantielle et durable du Seigneur ressuscit� est accomplie par le m�morial de sa passion et de sa r�surrection, et le pain de vie qui est le gage de la gloire � venir est offert. Le Concile Vatican II a rappel� que � la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique sont si �troitement unies entre elles qu'elles forment un seul acte de culte �.(61) Le m�me Concile a �galement d�cid� que � pour appr�ter plus richement pour les fid�les la table de la Parole de Dieu, on ouvrira plus largement les tr�sors de la Bible �.(62) Il a ensuite demand� que, aux Messes du dimanche, de m�me qu'� celles des f�tes de pr�cepte, l'hom�lie ne soit pas omise, si ce n'est pour des motifs graves.(63) Ces heureuses dispositions ont trouv� leur fid�le application dans la r�forme liturgique, au sujet de laquelle Paul VI, commentant l'offre plus abondante de lectures bibliques les dimanches et jours de f�te, �crivait: � Tout cela a �t� ordonn� de telle mani�re que s'intensifie chez les fid�les la faim de la Parole de Dieu (
Am
8,11) par laquelle, sous la conduite de l'Esprit Saint, le peuple de la Nouvelle Alliance semble �tre pouss� vers l'unit� parfaite de l'�glise �.(64)
40. Plus de trente ans apr�s le Concile, alors que nous r�fl�chissons sur l'Eucharistie dominicale, il est n�cessaire de v�rifier la mani�re dont la Parole de Dieu est proclam�e, ainsi que le progr�s effectif, dans le peuple de Dieu, de la connaissance et de l'amour de la Sainte �criture.(65) L'un et l'autre aspects, celui de la
c�l�bration
et celui de l'
exp�rience v�cue
, sont en rapport �troit. D'une part, la possibilit� offerte par le Concile de proclamer la Parole de Dieu dans la langue de la communaut� pr�sente doit nous amener � nous reconna�tre une � nouvelle responsabilit� � envers elle, pour faire resplendir � m�me dans la mani�re de lire ou de chanter, le caract�re particulier du texte sacr� �.(66) D'autre part, il convient que, dans l'esprit des fid�les, l'�coute de la Parole de Dieu proclam�e soit bien pr�par�e par une connaissance appropri�e de l'�criture et, quand c'est pastoralement possible, par
des initiatives sp�cifiques d'approfondissement des textes bibliques
, sp�cialement de ceux des Messes festives. En effet, si la lecture du texte sacr�, faite en esprit de pri�re et avec fid�lit� � leur interpr�tation eccl�siale,(67) n'animait pas habituellement la vie des personnes et des familles chr�tiennes, il serait difficile que la seule proclamation liturgique de la Parole de Dieu puisse porter les fruits esp�r�s. Il convient donc de louer grandement les initiatives par lesquelles les communaut�s paroissiales, en impliquant tous ceux qui participent � l'Eucharistie � pr�tre, ministres et fid�les � (68) pr�parent d�j� la liturgie dominicale pendant la semaine, en r�fl�chissant � l'avance sur la Parole de Dieu qui sera proclam�e. L'objectif � poursuivre est que toute la c�l�bration, pri�re, �coute, chant, et pas seulement l'hom�lie, exprime en quelque mani�re le message de la liturgie dominicale, afin qu'il puisse marquer plus efficacement ceux qui y prennent part. �videmment, beaucoup de choses sont confi�es � la responsabilit� de ceux qui exercent le minist�re de la Parole. Ils ont le devoir de pr�parer avec un soin particulier, par l'�tude du texte sacr� et dans la pri�re, le commentaire de la parole du Seigneur, en exprimant fid�lement le contenu et en l'actualisant en fonction des questions et de la vie des hommes de notre temps.
41. Il ne faut pas oublier d'ailleurs que
la proclamation liturgique de la Parole de Dieu
, surtout dans le cadre de l'assembl�e eucharistique, est moins un moment de m�ditation et de cat�ch�se que
le dialogue de Dieu avec son peuple
, dialogue o� sont proclam�es les merveilles du salut et continuellement propos�es les exigences de l'Alliance. Pour sa part, le peuple de Dieu se sent appel� � r�pondre � ce dialogue d'amour par l'action de gr�ce et la louange, et, en m�me temps, en �prouvant sa fid�lit� � l'effort d'une constante � conversion �. L'assembl�e dominicale s'engage ainsi au renouveau int�rieur des promesses baptismales qui sont en quelque sorte implicites dans la r�citation du Credo, et que la liturgie pr�voit express�ment lors de la c�l�bration de la veill�e pascale ou lorsqu'on administre le bapt�me au cours de la Messe. Dans ce cadre, la proclamation de la Parole dans la c�l�bration eucharistique du dimanche prend le ton solennel que l'Ancien Testament pr�voyait d�j� pour les temps de renouvellement de l'Alliance, lorsqu'on proclamait la Loi et que la communaut� d'Isra�l �tait appel�e, comme le peuple du d�sert au pied du Sina� (cf.
Ex
19,7-8; 24,3.7), � redire son � oui �, en renouvelant son choix d'�tre fid�le � Dieu et d'adh�rer � ses pr�ceptes. En effet, en communiquant sa Parole, Dieu attend notre r�ponse, la r�ponse que le Christ a d�j� donn�e pour nous par son � Amen � (cf.
2 Co
1,20-22) et que l'Esprit Saint fait retentir en nous de telle sorte que ce que l'on entend engage profond�ment notre vie.(69)
La table du Corps du Christ
42. La table de la Parole aboutit naturellement � la table du Pain eucharistique et pr�pare la communaut� � en vivre les multiples dimensions, qui prennent un caract�re particuli�rement solennel dans l'Eucharistie dominicale. Par le style festif du rassemblement de toute la communaut�, le � jour du Seigneur �, l'Eucharistie se pr�sente de fa�on plus visible que les autres jours comme la grande � action de gr�ce �, par laquelle l'�glise, habit�e par l'Esprit, se tourne vers le P�re, en s'unissant au Christ et en se faisant la voix de toute l'humanit�. Le rythme hebdomadaire invite � revenir aux �v�nements des jours pr�c�dents dans une m�moire reconnaissante, afin de les relire � la lumi�re de Dieu et de rendre gr�ce � Dieu pour ses innombrables dons, en le glorifiant � par le Christ, avec lui et en lui, dans l'unit� du Saint-Esprit �. La communaut� chr�tienne renouvelle ainsi sa conscience du fait que toutes choses ont �t� cr��es par le Christ (cf.
Col
1,16;
Jn
1,3) et qu'en lui, venu dans la condition de serviteur partager et racheter notre condition humaine, elles ont �t� r�capitul�es (cf.
Ep
1,10), pour �tre offertes � Dieu le P�re, de qui toute chose tient son origine et sa vie. Enfin, adh�rant par son � Amen � � la doxologie eucharistique, le Peuple de Dieu se projette dans la foi et dans l'esp�rance vers le terme eschatologique, lorsque le Christ � remettra la royaut� � Dieu le P�re, [...] afin que Dieu soit tout en tous � (
1 Co
15,24.28).
43. Ce mouvement � ascendant � se trouve dans toute c�l�bration eucharistique et en fait un �v�nement joyeux, plein de reconnaissance et d'esp�rance, mais, dans la Messe dominicale, il est particuli�rement mis en relief du fait de son lien sp�cial avec la m�moire de la r�surrection. D'autre part, la joie � eucharistique � qui nous entra�ne � � �lever nos c�urs � est le fruit du � mouvement descendant � que Dieu a accompli vers nous et qui reste perp�tuellement pr�sent dans la nature sacrificielle de l'Eucharistie, supr�me expression et c�l�bration du myst�re de la
k�nosis
, c'est-�-dire de l'abaissement par lequel le Christ � s'humilia plus encore, ob�issant jusqu'� la mort, et � la mort sur une croix � (
Ph
2,8).
La Messe est en effet
la repr�sentation vivante du sacrifice de la Croix
. Sous les esp�ces du pain et du vin, sur lesquelles a �t� invoqu�e l'effusion de l'Esprit, agissant avec une efficacit� tout � fait unique dans les paroles de la cons�cration, le Christ s'offre au P�re par le m�me geste d'immolation par lequel il s'offrit sur la croix. � Dans ce divin sacrifice qui s'accomplit � la Messe, ce m�me Christ est contenu et immol� de mani�re non sanglante, lui qui s'est offert une fois pour toutes de mani�re sanglante sur l'autel de la croix �.(70) � son sacrifice le Christ unit celui de l'�glise: � Dans l'Eucharistie, le sacrifice du Christ devient aussi le sacrifice des membres de son corps. La vie des fid�les, leur louange, leur souffrance, leur pri�re, leur travail, sont unis � ceux du Christ et � sa totale offrande, et acqui�rent ainsi une valeur nouvelle �.(71) Cette participation de la communaut� tout enti�re devient particuli�rement �vidente dans le rassemblement dominical, qui permet de porter � l'autel la semaine �coul�e avec toute la charge humaine qui l'a marqu�e.
Repas pascal et rencontre fraternelle
44. Cette qualit� communautaire s'exprime aussi sp�cialement dans le caract�re de repas pascal propre � l'Eucharistie, o� le Christ lui-m�me se fait nourriture. En effet, � � cette fin, le Christ a confi� ce sacrifice � l'�glise pour que les fid�les y participent, et spirituellement par la foi et la charit�, et sacramentellement par le banquet de la sainte communion. La participation � la C�ne du Seigneur est toujours de fait la communion au Christ s'offrant au P�re pour nous en sacrifice �.(72) C'est pourquoi l'�glise recommande aux fid�les de communier lorsqu'ils participent � l'Eucharistie, pourvu qu'ils soient dans les dispositions voulues et, s'ils ont conscience de p�ch�s graves, qu'ils aient re�u le pardon de Dieu dans le sacrement de la R�conciliation,(73) dans l'esprit de ce que saint Paul rappelait � la communaut� de Corinthe (cf.
1 Co
11,27-32). �videmment, l'invitation � la communion eucharistique se fait particuli�rement pressante � l'occasion de la Messe du dimanche et des autres jours de f�te.
Il importe en outre de prendre pleinement conscience de ce que la communion avec le Christ est profond�ment li�e � la communion fraternelle. Le rassemblement eucharistique dominical est
un �v�nement fraternel
, que la c�l�bration doit bien mettre en �vidence, tout en respectant le style propre de l'action liturgique. Le service d'accueil et le ton de la pri�re, attentive aux besoins de toute la communaut�, contribuent � cela. L'�change du signe de la paix, plac� par le Rite romain de mani�re significative avant la communion eucharistique, est un geste particuli�rement fort, que les fid�les sont invit�s � faire comme expression du consensus donn� par le peuple de Dieu � tout ce qui est accompli dans la c�l�bration,(74) et de l'engagement � l'amour mutuel que l'on prend en participant au pain unique, dans le souvenir de la parole exigeante du Christ: � Quand donc tu pr�sentes ton offrande � l'autel, si l� tu te souviens que ton fr�re a quelque chose contre toi, laisse l� ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te r�concilier avec ton fr�re; puis reviens, et alors pr�sente ton offrande � (
Mt
5,23-24).
De la Messe � la � mission �
45. En recevant le Pain de vie, les disciples du Christ se disposent � aborder, avec la force du Ressuscit� et de son Esprit, les t�ches qui les attendent dans leur vie ordinaire. En effet, pour le fid�le qui a compris la signification de ce qu'il a accompli, la c�l�bration eucharistique ne peut pas �puiser tout son sens � l'int�rieur du sanctuaire. Comme les premiers t�moins de la r�surrection, les chr�tiens convoqu�s tous les dimanches pour vivre et proclamer la pr�sence du Ressuscit� sont appel�s � se faire dans leur vie quotidienne
�vang�lisateurs et t�moins
. Dans cet esprit, la pri�re apr�s la communion, le rite de conclusion � la b�n�diction et le renvoi des fid�les � doivent �tre red�couverts et mieux mis en valeur, afin que ceux qui ont particip� � l'Eucharistie ressentent plus profond�ment la responsabilit� qui leur est confi�e. Apr�s la dispersion de l'assembl�e, le disciple du Christ retourne dans son milieu habituel avec le devoir de faire de toute sa vie un don, un sacrifice spirituel agr�able � Dieu (cf.
Rm
12,1). Il se sent d�biteur envers ses fr�res de ce qu'il a re�u dans la c�l�bration, tout comme les disciples d'Emma�s qui, apr�s avoir reconnu � � la fraction du pain � le Christ ressuscit� (cf.
Lc
24,30-32), �prouv�rent aussit�t le besoin d'aller partager avec leurs fr�res la joie de leur rencontre avec le Seigneur (cf.
Lc
24,33-35).
Le pr�cepte dominical
46. L'Eucharistie �tant vraiment le c�ur du dimanche, on comprend pourquoi, d�s les premiers si�cles, les pasteurs n'ont cess� de rappeler � leurs fid�les la n�cessit� de participer � l'assembl�e liturgique. � Le jour du Seigneur, laissez tout � dit par exemple le trait� du IIIe si�cle intitul�
Didascalie des Ap�tres
� et courez en h�te � votre assembl�e, parce que c'est votre louange � Dieu. Autrement, quelle excuse auront devant Dieu ceux qui ne se r�unissent pas le jour du Seigneur pour �couter la parole de vie et se nourrir de l'aliment de vie qui demeure �ternel? � (75) L'appel des pasteurs a rencontr� g�n�ralement dans l'�me des fid�les une adh�sion empress�e et, si les p�riodes et les situations n'ont pas manqu� o� a faibli l'ardeur � remplir ce devoir, on ne peut cependant pas ne pas rappeler l'h�ro�sme authentique avec lequel pr�tres et fid�les ont ob�i � cette obligation dans de nombreuses situations de dangers et de restrictions � la libert� religieuse, comme on peut le constater depuis les premiers si�cles de l'�glise jusqu'� notre �poque.
Dans sa premi�re Apologie adress�e � l'empereur Antonin et au S�nat, saint Justin pouvait d�crire avec fiert� la pratique chr�tienne de l'assembl�e dominicale qui r�unissait dans le m�me lieu les chr�tiens des villes et ceux des campagnes.(76) Au cours de la pers�cution de Diocl�tien, lorsque leurs assembl�es furent interdites avec la plus grande s�v�rit�, les chr�tiens courageux furent nombreux � d�fier l'�dit imp�rial et ils accept�rent la mort plut�t que de manquer l'Eucharistie dominicale. C'est le cas des martyrs d'Abithina, en Afrique proconsulaire, qui r�pondirent � leurs accusateurs: � C'est sans crainte aucune que nous avons c�l�br� la C�ne du Seigneur, parce qu'on ne peut y renoncer; c'est notre loi �; � Nous ne pouvons pas vivre sans la C�ne du Seigneur �. Et l'une des martyres confessa: � Oui, je suis all�e � l'assembl�e et j'ai c�l�br� la C�ne du Seigneur avec mes fr�res, parce que je suis chr�tienne �.(77)
47. Cette obligation de conscience, fond�e sur un besoin int�rieur que les chr�tiens des premiers si�cles �prouvaient avec tant de force, l'�glise n'a cess� de l'affirmer, m�me si elle n'a pas estim� n�cessaire de la prescrire d'embl�e. C'est seulement plus tard, devant la ti�deur ou la n�gligence de certains, qu'elle a d� expliciter le devoir de participer � la Messe dominicale: elle l'a fait le plus souvent sous forme d'exhortations, mais elle a d� parfois recourir aussi � des dispositions canoniques pr�cises. C'est ce qu'elle a fait en divers Conciles particuliers � partir du IVe si�cle (par exemple au Concile d'Elvire en 300, qui ne parle pas d'obligation mais des cons�quences p�nales de trois absences) (78) et surtout � partir du VIe si�cle (comme cela a �t� fait au Concile d'Agde en 506).(79) Ces d�crets de Conciles particuliers ont abouti � une coutume universelle � caract�re d'obligation, comme une chose tout � fait �vidente.(80)
Le Code de Droit canonique de 1917 donnait pour la premi�re fois � cette tradition la forme d'une loi universelle.(81) Le Code actuel la reprend, disant que � le dimanche et les autres jours de f�te de pr�cepte, les fid�les sont tenus par l'obligation de participer � la Messe �.(82) Cette loi a �t� normalement entendue comme impliquant une obligation grave: c'est ce qu'enseigne aussi le Cat�chisme de l'�glise catholique,(83) et l'on en comprend bien la raison si l'on consid�re l'importance que rev�t le dimanche pour la vie chr�tienne.
48. Aujourd'hui, comme dans les temps h�ro�ques des commencements, des situations difficiles se reproduisent dans de nombreuses r�gions du monde pour de nombreuses personnes qui d�sirent vivre leur foi de mani�re coh�rente. Parfois le milieu est express�ment hostile, d'autres fois � et plus souvent � indiff�rent et r�fractaire au message �vang�lique. Le croyant, s'il ne veut pas �tre accabl�, doit pouvoir compter sur le soutien de la communaut� chr�tienne. Il est donc n�cessaire qu'il soit convaincu de l'importance d�cisive pour sa vie de foi de se r�unir le dimanche avec les autres fr�res afin de c�l�brer la P�que du Seigneur dans le sacrement de la Nouvelle Alliance. Il appartient donc sp�cialement aux �v�ques de s'employer � � faire en sorte que le dimanche soit reconnu par tous les fid�les, sanctifi� et c�l�br� comme v�ritable jour du Seigneur , o� l'�glise se rassemble pour renouveler la m�moire de son myst�re pascal par l'�coute de la Parole de Dieu, par l'offrande du sacrifice du Seigneur, par la sanctification du jour dans la pri�re, les �uvres de charit� et l'abstention de travail �.(84)
49. Et du moment que, pour les fid�les, participer � la Messe est une obligation, � moins d'emp�chement grave, les Pasteurs ont le devoir correspondant d'offrir � tous la possibilit� effective de satisfaire au pr�cepte. C'est dans ce sens que sont con�ues les dispositions du droit eccl�siastique, telles que, par exemple, la facult� pour le pr�tre, ayant re�u l'autorisation de l'�v�que dioc�sain, de c�l�brer plus d'une Messe le dimanche et les jours de f�te,(85) l'institution de Messes du soir (86) et enfin l'indication selon laquelle le temps utile pour remplir l'obligation commence le samedi soir aux premi�res v�pres du dimanche.(87) Du point de vue liturgique, en effet, le jour de f�te commence par ces v�pres.(88) Par cons�quent, la liturgie de la Messe appel�e parfois � pr�festive �, mais qui est en r�alit� et pleinement � festive �, est celle du dimanche, avec l'obligation pour le c�l�brant de faire une hom�lie et de r�citer avec les fid�les la pri�re universelle.
Les pasteurs rappelleront en outre aux fid�les que, en cas d'absence de leur r�sidence habituelle le dimanche, ils doivent se soucier de participer � la Messe l� o� ils se trouvent, enrichissant ainsi la communaut� locale de leur t�moignage personnel. En m�me temps, il conviendra que ces communaut�s fassent preuve d'un sens de l'accueil chaleureux � l'�gard des fr�res venus de l'ext�rieur, particuli�rement dans les lieux qui attirent de nombreux touristes et p�lerins, pour lesquels il sera souvent n�cessaire de pr�voir des initiatives sp�ciales d'assistance religieuse.(89)
C�l�bration joyeuse et harmonieuse
50. Etant donn� le caract�re propre de la Messe dominicale et son importance pour la vie des fid�les, il convient de la pr�parer avec un soin particulier. Dans les formes sugg�r�es par la sagesse pastorale et par les usages locaux, en harmonie avec les normes liturgiques, il faut s'assurer que la c�l�bration ait le caract�re festif qui convient au jour o� l'on comm�more la R�surrection du Seigneur. � cette fin, il importe d'accorder une grande attention au chant de l'assembl�e, parce qu'il est bien adapt� � l'expression de la joie du c�ur, qu'il souligne la solennit� et favorise le partage de la foi unique et du m�me amour. Par cons�quent, on doit se soucier de sa qualit�, tant pour les textes que pour les m�lodies, afin que les cr�ations nouvelles propos�es aujourd'hui soient conformes aux dispositons liturgiques et dignes de la tradition eccl�siale qui peut se pr�valoir d'un patrimoine de valeur inestimable dans ce domaine.
C�l�bration qui engage � une participation active
51. Il est n�cessaire en outre de faire le maximum d'efforts afin que toutes les personnes pr�sentes, jeunes et adultes, se sentent concern�es, et de promouvoir l'implication des fid�les dans les modes de participation que sugg�re et recommande la liturgie.(90) Certes, il n'appartient qu'� ceux qui exercent le sacerdoce minist�riel au service de leurs fr�res d'accomplir le Sacrifice eucharistique et de l'offrir � Dieu au nom du peuple tout entier.(91) C'est en cela qu'est fond�e la distinction, qui est bien plus que de l'ordre de la discipline, entre les fonctions propres au c�l�brant et celles qui reviennent aux diacres et aux fid�les non ordonn�s.(92) Toutefois, les fid�les doivent �tre conscients que, en vertu du sacerdoce commun re�u au bapt�me, ils � concourent � l'offrande de l'Eucharistie �.(93) � Ils offrent � Dieu la victime divine, et s'offrent eux-m�mes avec elle. Ainsi, tant par l'oblation que par la sainte communion, tous, non pas indistinctement mais chacun � sa mani�re, assument leur r�le propre dans l'action liturgique �; (94) ils y puisent lumi�re et force pour vivre leur sacerdoce baptismal par la pri�re et le t�moignage de saintet� de leur vie.
Autres moments du dimanche chr�tien
52. Si la participation � l'Eucharistie est le c�ur du dimanche, il serait cependant r�ducteur de ramener � cela seul le devoir de le � sanctifier �. Le jour du Seigneur est en effet bien v�cu s'il est tout entier marqu� par la m�moire reconnaissante et active des merveilles de Dieu. Cela engage chacun des disciples du Christ � donner aussi � d'autres moments de la journ�e, v�cus en dehors du contexte liturgique � la vie de famille, les relations sociales, les temps de d�tente �, un style qui aide � faire ressortir la paix et la joie du Ressuscit� dans le tissu ordinaire de la vie. Par exemple, parents et enfants se retrouvant dans le calme, peuvent en profiter, non seulement pour s'ouvrir � l'�coute mutuelle, mais aussi pour vivre ensemble des moments de formation et de plus grand recueillement. Pourquoi ne pas pr�voir, m�me dans la vie la�que lorsque c'est possible, des temps consacr�s � la pri�re, comme en particulier la c�l�bration solennelle des v�pres, ainsi qu'�ventuellement des
rencontres de cat�ch�se
qui, la veille du dimanche ou l'apr�s-midi du jour, pr�parent et compl�tent dans l'�me des chr�tiens le don m�me de l'Eucharistie?
Cette forme assez traditionnelle de � sanctification du dimanche � est peut-�tre devenue plus difficile dans beaucoup de milieux; mais l'�glise manifeste sa foi en la pr�sence agissante du Ressuscit� et en la puissance de l'Esprit Saint en montrant, aujourd'hui plus que jamais, qu'elle ne se contente pas de propositions minimalistes ou m�diocres sur le plan de la foi, et en aidant les chr�tiens � faire ce qui est plus parfait et plus agr�able au Seigneur. Du reste, en dehors de ces difficult�s, les signes positifs et encourageants ne manquent pas. Gr�ce au don de l'Esprit, on voit appara�tre, dans beaucoup de milieux eccl�siaux, une aspiration nouvelle � la pri�re dans ses formes multiples. On red�couvre aussi des expressions anciennes du sentiment religieux, comme le p�lerinage, et les fid�les profitent souvent du repos dominical pour se rendre dans des sanctuaires o� ils vivent pendant quelques heures, peut-�tre en famille, une exp�rience de foi plus intense. Ce sont des moments de gr�ce qu'il convient de nourrir par une annonce �vang�lique appropri�e et d'orienter avec une juste sagesse pastorale.
Les assembl�es dominicales en l'absence de pr�tre
53. Reste le probl�me des paroisses o� il n'est pas possible de b�n�ficier du minist�re d'un pr�tre qui c�l�bre l'Eucharistie dominicale. Cela se produit souvent dans les jeunes �glises, o� un seul pr�tre a la responsabilit� pastorale de fid�les dispers�s dans un vaste territoire. Des situations d'urgence peuvent se rencontrer �galement dans les pays de tradition chr�tienne s�culaire, lorsque la rar�faction du clerg� emp�che d'assurer la pr�sence d'un pr�tre dans toutes les communaut�s paroissiales. L'�glise, prenant en consid�ration les cas d'impossibilit� de la c�l�bration eucharistique, recommande la convocation d'assembl�es dominicales en l'absence de pr�tre,(95) selon les indications et les directives donn�es par le Saint-Si�ge, dont l'application est confi�e aux Conf�rences �piscopales.(96) Toutefois, l'objectif doit demeurer la c�l�bration du sacrifice de la Messe, seule v�ritable actualisation de la P�que du Seigneur, seule r�alisation compl�te de l'assembl�e eucharistique que le pr�tre pr�side in persona Christi, rompant le pain de la Parole et celui de l'Eucharistie. Au niveau pastoral, on prendra donc toutes les mesures n�cessaires pour que les fid�les qui en sont habituellement priv�s puissent en b�n�ficier le plus souvent possible, en favorisant la pr�sence p�riodique d'un pr�tre, ou en profitant au mieux de toutes les occasions d'organiser un rassemblement en un lieu central, accessible � diff�rents groupes �loign�s.
Transmissions radiophoniques et t�l�vis�es
54. Enfin, les fid�les qui, en raison de la maladie, de l'infirmit� ou pour d'autres motifs graves, en sont emp�ch�s, auront � c�ur de s'unir � distance, de la meilleure mani�re possible, � la c�l�bration de la Messe dominicale, de pr�f�rence par les lectures et les pri�res pr�vues dans le Missel pour le jour, de m�me que par le d�sir de l'Eucharistie.(97) Dans de nombreux pays, la t�l�vision et la radio donnent la possibilit� de s'unir � une c�l�bration eucharistique au moment o� elle se d�roule dans un sanctuaire.(98) Ce type de transmissions en soi ne permet �videmment pas de satisfaire au pr�cepte dominical; car celui-ci exige la participation � l'assembl�e fraternelle qui est r�unie en un m�me lieu et qui rend possible la communion eucharistique. Mais, pour ceux qui sont emp�ch�s de participer � l'Eucharistie et sont donc excus�s de satisfaire au pr�cepte, la transmission t�l�vis�e ou radiophonique constitue une aide pr�cieuse, surtout si elle est compl�t�e par le service g�n�reux de ministres extraordinaires qui portent l'Eucharistie aux malades, en leur apportant le salut et la solidarit� de toute la communaut�. Ainsi, pour ces chr�tiens aussi, la Messe dominicale produit des fruits abondants, et ils peuvent vivre le dimanche comme le vrai � jour du Seigneur � et le � jour de l'�glise �.
CHAPITRE IV
DIES HOMINIS
Le dimanche, jour de joie, de repos et de solidarit�
La � joie compl�te � du Christ
55. � B�ni soit Celui qui a �lev� le grand jour du Dimanche au-dessus de tous les jours. Les cieux et la terre, les anges et les hommes s'abandonnent � la joie �.(99) Ces accents de la liturgie maronite �voquent bien les acclamations vibrantes et joyeuses qui, dans la liturgie occidentale et dans la liturgie orientale, ont depuis toujours caract�ris� le dimanche. Du reste historiquement, avant m�me qu'il ne soit un jour de repos � ce qui n'�tait alors pas pr�vu par le calendrier civil �, les chr�tiens v�curent le jour hebdomadaire du Seigneur ressuscit� surtout comme un jour de joie. � Le premier jour de la semaine, soyez tous dans la joie �, lit-on dans la Didascalie des Ap�tres. (100) La manifestation de la joie �tait traduite �galement dans la pratique liturgique par le choix de gestes appropri�s. (101) Saint Augustin, qui se fait l'interpr�te de la conscience eccl�siale courante des premiers si�cles, met ainsi en �vidence le caract�re joyeux de la P�que hebdomadaire: � Qu'on abandonne les je�nes et qu'on prie debout en signe de la R�surrection; et que, pour cette raison, on chante aussi l'all�luia tous les dimanches �. (102)
56. Au-del� des expressions rituelles particuli�res qui peuvent varier dans le temps selon la discipline de l'�glise, il reste que le dimanche, �cho hebdomadaire de la premi�re exp�rience du Ressuscit�, ne peut qu'�tre marqu� par la joie avec laquelle les disciples accueillirent le Ma�tre: � Les disciples furent remplis de joie � la vue du Seigneur � (
Jn
20,20). La parole dite par J�sus avant la Passion se r�alisait pour eux, comme elle s'accomplira pour toutes les g�n�rations chr�tiennes: � Vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie � (
Jn
16,20). N'avait-il pas pri� lui-m�me pour que les disciples aient � la pl�nitude de sa joie � (cf.
Jn
17,13)? Le caract�re festif de l'Eucharistie dominicale exprime la joie que le Christ communique � son �glise par le don de l'Esprit. La joie est pr�cis�ment l'un des fruits de l'Esprit Saint (cf.
Rm
14,17;
Ga
5,22).
57. Si donc nous voulons pleinement red�couvrir le dimanche, il faut retrouver �galement cette dimension de l'existence croyante. La joie chr�tienne doit sans doute caract�riser toute la vie, et non seulement un jour de la semaine, mais, �tant donn� sa signification de
jour du Seigneur ressuscit�
au cours duquel on c�l�bre l'�uvre divine de la cr�ation et de la � nouvelle cr�ation �, le dimanche est � un titre sp�cial un jour de joie, et m�me un jour propre � se former � la joie et � en red�couvrir les traits authentiques et les racines profondes. Il ne faut pas la confondre avec de vains sentiments de satisfaction et de plaisir, qui enivrent la sensibilit� et l'affectivit� pendant un bref instant, mais laissent ensuite dans le c�ur l'insatisfaction et m�me l'amertume. Entendue dans son sens chr�tien, la joie est quelque chose de bien plus durable et r�confortant; elle sait m�me r�sister, comme l'attestent les saints, (103) � la nuit obscure de la souffrance et, en un sens, c'est une � vertu � � cultiver.
58. Il n'existe cependant aucune opposition entre la joie chr�tienne et les vraies joies humaines. Au contraire, ces derni�res sont exalt�es et trouvent pr�cis�ment leur fondement ultime dans la joie du Christ glorifi� (
Ac
2,24-31), image parfaite et r�v�lation de l'homme selon le dessein de Dieu. Comme l'�crivit, dans son Exhortation sur la joie chr�tienne, mon v�n�r� pr�d�cesseur Paul VI, � par essence, la joie chr�tienne est participation spirituelle � la joie insondable, conjointement divine et humaine, qui est au c�ur de J�sus Christ glorifi� �. (104) Et le Pape concluait son Exhortation en demandant que, le jour du Seigneur, l'�glise t�moign�t fortement de la joie �prouv�e par les Ap�tres � la vue du Seigneur le soir de P�ques. Il invitait donc les pasteurs � insister � sur la fid�lit� des baptis�s � c�l�brer dans la joie l'Eucharistie dominicale. Comment pourraient-ils n�gliger cette rencontre, ce banquet que le Christ nous pr�pare dans son amour? Que la participation y soit � la fois tr�s digne et festive! C'est le Christ, crucifi� et glorifi�, qui passe au milieu de ses disciples, pour les entra�ner ensemble dans le renouveau de sa r�surrection. C'est le sommet, ici-bas, de l'Alliance d'amour entre Dieu et son peuple: signe et source de joie chr�tienne, relais pour la f�te �ternelle �. (105) Dans cet esprit de foi, le dimanche chr�tien est une mani�re de faire une � f�te � authentique, un jour donn� par Dieu � l'homme pour sa pleine croissance humaine et spirituelle.
L'accomplissement du sabbat
59. Cet aspect du dimanche chr�tien manifeste de mani�re sp�ciale sa dimension d'accomplissement du sabbat v�t�ro-testamentaire. Le jour du Seigneur, que l'Ancien Testament relie, ainsi qu'il a �t� dit, � l'�uvre de la cr�ation (cf.
Gn
2,1-3;
Ex
20,8-11) et de l'Exode (cf.
Dt
5,12-15), le chr�tien est appel� � annoncer la nouvelle cr�ation et la nouvelle Alliance accomplies dans le myst�re pascal du Christ. Loin d'�tre supprim�e, la c�l�bration de la cr�ation est approfondie dans une perspective christocentrique, c'est-�-dire � la lumi�re du dessein divin de � ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ, les �tres c�lestes comme les terrestres � (
Ep
1,10). � son tour, un sens pl�nier est donn� �galement au m�morial de la lib�ration accomplie par l'Exode, qui devient un m�morial de la r�demption universelle accomplie par le Christ mort et ressuscit�. Loin de se substituer au sabbat, le dimanche en est donc la r�alisation achev�e et, en un sens, l'extension et la pleine expression, par r�f�rence au chemin de l'histoire du salut, qui a son sommet dans le Christ.
60. Dans cette perspective, la th�ologie biblique du � shabbat � peut �tre pleinement reprise, sans que cela porte pr�judice au caract�re chr�tien du dimanche. Elle nous ram�ne toujours et avec un �tonnement qui ne faiblit jamais � ce myst�rieux commencement o� la Parole �ternelle de Dieu tira le monde du n�ant par une libre d�cision d'amour. Le sceau de cette �uvre cr�atrice fut la b�n�diction et la cons�cration du jour o� Dieu ch�ma � apr�s tout le travail qu'il avait fait � (
Gn
2,3). Ce jour du repos de Dieu donne tout son sens au temps qui re�oit, dans la succession des semaines, non seulement des rep�res chronologiques, mais aussi, pour ainsi dire, une port�e th�ologique. En effet, le retour constant du � shabbat � soustrait le temps au risque du repli sur soi, parce qu'il reste ouvert � la perspective de l'�ternel, par l'accueil de Dieu et de ses
kairo�
, c'est-�-dire des temps de sa gr�ce et de ses interventions salvifiques.
61. Au terme de toute l'�uvre de la cr�ation, le � shabbat �, septi�me jour b�ni et consacr� par Dieu, se relie imm�diatement � l'�uvre du sixi�me jour, o� Dieu fit l'homme � � son image, comme sa ressemblance � (cf.
Gn
1,26). Ce lien tr�s �troit entre le � jour de Dieu � et le � jour de l'homme � n'a pas �chapp� aux P�res quand ils ont m�dit� sur le r�cit biblique de la cr�ation. Ambroise dit � ce sujet: � Je rends gr�ce au Seigneur notre Dieu, qui a fait une �uvre telle qu'il p�t s'y reposer. Il a fait le ciel, mais je ne lis pas qu'il se soit repos�; il a fait la terre, mais je ne lis pas qu'il se soit repos�; il a fait le soleil, la lune et les �toiles, et l� non plus, je ne lis pas qu'il se soit repos�, mais je lis qu'il a fait l'homme et qu'alors il se reposa, en ayant quelqu'un � qui il p�t remettre ses p�ch�s �. (106) Ainsi, le � jour de Dieu � sera � jamais directement li� au � jour de l'homme �. Quand le commandement de Dieu dit: � Tu te souviendras du jour du sabbat pour le sanctifier � (
Ex
20,8), la pause ordonn�e pour honorer le jour qui lui est consacr� n'est nullement un commandement pesant pour l'homme, mais plut�t une aide qui lui permet de reconna�tre sa d�pendance vitale et lib�ratrice � l'�gard du Cr�ateur, ainsi que sa vocation � collaborer � son �uvre et � accueillir sa gr�ce. En honorant le � repos � de Dieu, l'homme se red�couvre pleinement lui-m�me; ainsi le jour du Seigneur se r�v�le profond�ment marqu� par la b�n�diction divine (cf.
Gn
2,3) et, gr�ce � elle, on pourrait le dire dou� comme les animaux et les hommes (cf.
Gn
1,22.28) d'une sorte de � f�condit� �. Cette � f�condit� � s'exprime surtout en ce que le sabbat ravive et, en un sens, � multiplie � le temps lui-m�me, accroissant en l'homme, par la m�moire du Dieu vivant, la joie de vivre et le d�sir de promouvoir et de donner la vie.
62. Le chr�tien devra alors se souvenir que, si pour lui les modalit�s du sabbat juif sont caduques, d�pass�es par l'� accomplissement � dominical, les motifs de fond qui imposent la sanctification du � jour du Seigneur � restent valables, fix�s avec la solennit� des commandements du D�calogue, mais � relire � la lumi�re de la th�ologie et de la spiritualit� du dimanche: � Observe le jour du sabbat pour le sanctifier, comme te l'a command� le Seigneur ton Dieu. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage, mais le septi�me jour est un sabbat pour le Seigneur ton Dieu. Tu n'y feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton b�uf, ni ton �ne ni aucune de tes b�tes, ni l'�tranger qui est dans tes portes. Ainsi, comme toi-m�me, ton serviteur et ta servante pourront se reposer. Tu te souviendras que tu as �t� en servitude au pays d'�gypte et que le Seigneur ton Dieu t'en a fait sortir d'une main forte et d'un bras �tendu; c'est pourquoi le Seigneur ton Dieu t'a command� de garder le jour du sabbat � (
Dt
5,12-15). L'observance du sabbat para�t ici intimement li�e � l'�uvre de lib�ration accomplie par Dieu pour son peuple.
63. Le Christ est venu pour r�aliser un nouvel � exode �, pour rendre la libert� aux opprim�s. Il a fait de nombreuses gu�risons le jour du sabbat (cf.
Mt
12,9-14 et parall�les), non pas pour violer le jour du Seigneur, mais pour lui donner toute sa signification: � Le sabbat a �t� fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat � (
Mc
2,27). Pour s'opposer � l'interpr�tation trop l�galiste de certains de ses contemporains et pour d�ployer le sens authentique du sabbat biblique, J�sus, � Ma�tre du sabbat � (
Mc
2,28), redonne son caract�re lib�rateur � l'observance de ce jour, institu� pour faire respecter � la fois les droits de Dieu et ceux de l'homme. On comprend ainsi pourquoi les chr�tiens, qui annon�aient la lib�ration accomplie dans le sang du Christ, eurent raison de se sentir autoris�s � faire passer le sens du sabbat dans le jour de la r�surrection. En effet, la P�que du Christ a lib�r� l'homme d'un esclavage bien plus radical que celui qui pesait sur un peuple opprim�, l'esclavage du p�ch� qui met l'homme � distance de Dieu, � distance de lui-m�me et des autres, en introduisant dans l'histoire des germes toujours nouveaux de m�chancet� et de violence.
Le jour du repos
64. Pendant quelques si�cles, les chr�tiens ne v�curent le dimanche que comme un jour r�serv� au culte, sans pouvoir lui donner aussi son sens sp�cifique de repos sabbatique. La loi civile de l'Empire romain ne reconnut le rythme de la semaine qu'au IVe si�cle, si bien que, � le jour du soleil �, les juges, les populations des villes et les diff�rents corps de m�tiers cess�rent de travailler. (107) Les chr�tiens se r�jouirent de voir ainsi lev�s les obstacles qui, jusqu'alors, leur avaient parfois rendu h�ro�que l'observance du jour du Seigneur. Ils pouvaient d�sormais se donner librement � la pri�re commune. (108)
Ce serait donc une erreur de ne voir dans cette l�gislation respectueuse du rythme hebdomadaire qu'un simple fait historique sans valeur pour l'�glise et qui pourrait �tre n�glig� par elle. M�me apr�s la fin de l'Empire, les Conciles n'ont cess� de conserver les dispositions relatives au repos dominical. Dans les pays o� les chr�tiens sont en petit nombre et o� les jours de f�te du calendrier ne correspondent pas au dimanche, ce dernier demeure toujours n�anmoins le jour du Seigneur, le jour o� les fid�les se r�unissent pour l'assembl�e eucharistique, mais cela ne se fait qu'au prix de sacrifices consid�rables. Pour les chr�tiens, il n'est pas normal que le dimanche, jour de f�te et de joie, ne soit pas aussi un jour de repos, et il reste en toute hypoth�se difficile de � sanctifier � le dimanche quand on ne dispose pas d'un temps libre suffisant.
65. D'autre part, dans la soci�t� civile, le lien entre jour du Seigneur et jour de repos a une importance et une signification qui vont au-del� d'une perspective proprement chr�tienne. En effet, l'alternance du travail et du repos, inscrite dans la nature humaine, est voulue par Dieu lui-m�me, comme le montre le r�cit de la cr�ation dans le livre de la Gen�se (cf. 2,2-3;
Ex
20,8-11): le repos est chose � sacr�e �, puisqu'il permet � l'homme de se soustraire au cycle des t�ches terrestres, qui est parfois bien trop absorbant, et de reprendre conscience du fait que tout est l'�uvre de Dieu. Le pouvoir prodigieux que Dieu donne � l'homme sur la cr�ation risquerait de faire oublier � ce dernier que Dieu est le Cr�ateur de qui tout d�pend. La reconnaissance de ce point est particuli�rement n�cessaire � notre �poque o� la science et la technique ont accru de mani�re inou�e le pouvoir que l'homme exerce par son travail.
66. Enfin, il ne faut pas perdre de vue le fait que, m�me de nos jours, le travail est pour beaucoup une pesante servitude, soit en raison des conditions d�plorables dans lequel il s'effectue et des horaires qu'il impose, surtout dans les r�gions les plus pauvres du monde, soit parce qu'il subsiste, m�me dans les soci�t�s dont l'�conomie est la plus �volu�e, trop de cas d'injustice et d'exploitation de l'homme par l'homme. Quand l'�glise a l�gif�r� au cours des si�cles sur le repos dominical, (109) elle a surtout pens� au travail des serfs et des ouvriers, non certes que ce travail e�t �t� moins respectable que les exigences spirituelles de la pratique dominicale, mais parce qu'il avait davantage besoin qu'une r�glementation en all�ge�t le poids et perm�t � tous de sanctifier le jour du Seigneur. Dans cet esprit, mon pr�d�cesseur L�on XIII montrait dans l'encyclique
Rerum novarum
que le repos dominical est un droit du travailleur � faire garantir par l'�tat. (110)
A notre �poque, il reste n�cessaire de faire effort pour que tous puissent conna�tre la libert�, le repos et la d�tente n�cessaires � leur dignit� d'hommes, avec les exigences religieuses, familiales, culturelles, interpersonnelles qui s'y rattachent et qui peuvent difficilement �tre satisfaites, si l'on ne r�serve pas au moins un jour par semaine o� il sera possible de jouir
ensemble
de la facult� de se reposer dans une atmosph�re de f�te. Ce droit du travailleur au repos suppose �videmment son droit au travail et, tout en r�fl�chissant � cette probl�matique li�e � la conception chr�tienne du dimanche, nous ne pouvons pas nous dispenser d'�voquer avec une profonde solidarit� la situation difficile d'hommes et de femmes nombreux qui, faute d'avoir un emploi, sont contraints � l'inaction, m�me pendant les jours ouvrables.
67. Avec le repos dominical, les pr�occupations et les t�ches quotidiennes peuvent retrouver leur juste dimension: les choses mat�rielles pour lesquelles nous nous agitons laissent place aux valeurs de l'esprit; les personnes avec lesquelles nous vivons reprennent leur vrai visage, dans des rencontres et des dialogues plus paisibles. Les beaut�s m�mes de la nature � trop souvent d�grad�es par une logique de domination qui se retourne contre l'homme � peuvent �tre red�couvertes et profond�ment appr�ci�es. Jour de paix pour l'homme avec Dieu, avec lui-m�me et avec ses semblables, le dimanche devient ainsi un moment o� l'homme est invit� � porter un regard renouvel� sur les merveilles de la nature, en se laissant saisir par l'harmonie admirable et myst�rieuse qui, comme le dit saint Ambroise, selon � une loi inviolable de concorde et d'amour �, unit les �l�ments de nature distincte du cosmos par � un lien d'unit� et de paix �. (111) L'homme devient alors plus conscient, selon les paroles de l'Ap�tre, de ce que � tout ce que Dieu a cr�� est bon et aucun aliment n'est � proscrire, si on le prend avec action de gr�ces la parole de Dieu et la pri�re le sanctifient � (
1 Tm
4,4-5). Si donc, apr�s six jours de travail � d�j� r�duits en r�alit� � cinq pour beaucoup �, l'homme cherche un temps pour se d�tendre et pour mieux s'occuper des autres aspects de sa vie, cela r�pond � un besoin authentique, en harmonie avec la perspective du message �vang�lique. Toutefois, le croyant doit satisfaire � cette exigence sans porter pr�judice aux expressions importantes de sa foi personnelle et communautaire, manifest�e dans la c�l�bration et la sanctification du jour du Seigneur.
C'est pourquoi il est naturel que les chr�tiens veillent � ce que la l�gislation civile tienne compte de leur devoir de sanctifier le dimanche, m�me dans les conditions particuli�res de notre �poque. Il y a en tout cas pour eux un devoir de conscience d'organiser le repos dominical de mani�re telle qu'il leur soit possible de participer � l'Eucharistie, en s'abstenant des travaux et des affaires incompatibles avec la sanctification du jour du Seigneur, avec la joie qui lui est propre et avec le repos du corps et de l'esprit qui est n�cessaire. (112)
68. �tant donn� que, pour ne pas se perdre dans le vide ou devenir une source d'ennui, le repos doit apporter lui-m�me un enrichissement spirituel, une plus grande libert�, la possibilit� d'une contemplation et d'une communion fraternelle, les fid�les choisiront, parmi les moyens de se cultiver et les divertissements offerts par la soci�t�, ceux qui s'accordent le mieux avec une vie conforme aux pr�ceptes de l'�vangile. Dans cette perspective, le repos des dimanches et des jours de f�te rev�t une dimension � proph�tique �, puisqu'il affirme non seulement le primat absolu de Dieu, mais aussi le primat et la dignit� de la personne qui l'emporte sur les exigences de la vie sociale et �conomique, en quelque sorte par anticipation des � cieux nouveaux � et de la � terre nouvelle �, o� la lib�ration de l'esclavage des besoins sera d�finitive et totale. Bref, le jour du Seigneur devient aussi, de la mani�re la plus authentique,
le jour de l'homme
.
Jour de solidarit�
69. Le dimanche doit �galement donner aux fid�les l'occasion de se consacrer aux �uvres de mis�ricorde, de charit� et d'apostolat. La participation int�rieure � la joie du Christ ressuscit� doit pousser aussi � partager pleinement l'amour qui anime son c�ur: il n'y a pas de joie sans amour! J�sus lui-m�me l'explique, lorsqu'il met en rapport le � commandement nouveau � avec la joie qu'il donne: � Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j'ai gard� les commandements de mon P�re et je demeure en son amour. Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit compl�te. Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme je vous ai aim�s � (
Jn
15,10-12).
L'Eucharistie dominicale ne d�tourne pas les fid�les de leurs devoirs de charit�, mais elle les engage au contraire � � pratiquer toutes les �uvres de charit�, de pi�t� et d'apostolat, afin de rendre manifeste par ces �uvres que, tout en n'�tant pas du monde, les chr�tiens sont cependant la lumi�re du monde et qu'ils rendent gloire au P�re devant les hommes �. (113)
70. De fait, d�s les temps apostoliques, le rassemblement dominical a �t� pour les chr�tiens un moment de partage fraternel avec les plus pauvres. � Que le premier jour de la semaine, chacun de vous mette de c�t� chez lui ce qu'il aura pu �pargner � (
1 Co
16,2). Il s'agit ici de la collecte organis�e par Paul pour les �glises pauvres de Jud�e. Dans l'Eucharistie dominicale, le c�ur du croyant s'�largit aux dimensions de l'�glise. Mais il faut saisir en profondeur l'invitation de l'Ap�tre qui, loin de promouvoir une conception �troite de l'� aum�ne �, fait plut�t appel � une
culture exigeante du partage
, v�cue autant chez les membres de la communaut� que par rapport � la soci�t� tout enti�re. (114) Il faut r��couter plus que jamais les avertissements s�v�res qu'il adresse � la communaut� de Corinthe, coupable d'avoir humili� les pauvres lors de l'agape fraternelle qui accompagnait la � C�ne du Seigneur �: � Lors donc que vous vous r�unissez en commun, ce n'est plus le Repas du Seigneur que vous prenez. D�s qu'on est � table en effet, chacun prend d'abord son propre repas, et l'un a faim tandis que l'autre est ivre. Vous n'avez donc pas de maison pour manger et boire? Ou bien m�prisez-vous l'�glise de Dieu, et voulez-vous faire honte � ceux qui n'ont rien? � (
1 Co
11,20-22). La parole de Jacques n'est pas moins vigoureuse: � Supposez qu'il entre dans votre assembl�e un homme � bague d'or, en habit resplendissant, et qu'il entre aussi un pauvre en habit malpropre. Vous tournez vos regards vers celui qui porte l'habit resplendissant et vous lui dites: Toi, assieds-toi ici � la place d'honneur . Quant au pauvre, vous lui dites: Toi, tiens-toi l� debout ou bien: Assieds-toi au bas de mon escabeau . Ne portez-vous pas en vous-m�mes un jugement, ne devenez-vous pas des juges aux pens�es perverses? � (2,2-4).
71. Les appels des Ap�tres trouv�rent rapidement un �cho d�s les premiers si�cles et ils firent vibrer de vigoureux accents dans la pr�dication des P�res de l'�glise. Saint Ambroise adressait des paroles br�lantes aux riches qui pr�tendaient remplir leurs obligations religieuses en fr�quentant l'�glise sans partager leurs biens avec les pauvres et m�me en les opprimant: � Entends-tu, homme riche, ce que dit le Seigneur Dieu? Et tu viens � l'�glise non pour donner quelque chose au pauvre, mais pour le lui enlever? �. (115) Saint Jean Chrysostome n'�tait pas moins exigeant: � Veux-tu honorer le corps du Christ? Ne le m�prise pas quand il est nu. Ne lui rends pas honneur ici, dans l'�glise, avec des �toffes de soie, pour le m�priser ensuite dehors, o� il souffre du froid et de la nudit�. Celui qui a dit: Ceci est mon corps , est celui-l� m�me qui a dit: Vous m'avez vu avoir faim et vous ne m'avez pas donn� � manger , et ce que vous avez fait au plus petit de mes fr�res, c'est � moi que vous l'avez fait [...]. A quoi sert-il que la table du Christ soit remplie de coupes d'or, alors que lui-m�me meurt de faim? Commence par donner � manger � l'affam�, et avec ce qui restera d�core aussi la table �. (116)
Ce sont des paroles qui rappellent bien � la communaut� chr�tienne le devoir de faire de l'Eucharistie le lieu o� la fraternit� devient une solidarit� concr�te, et o� les derniers deviennent les premiers dans l'estime et dans l'affection de leurs fr�res, lorsque le Christ lui-m�me, par le don g�n�reux fait par les riches aux plus pauvres, peut en quelque sorte continuer dans le temps le miracle de la multiplication des pains. (117)
72. L'Eucharistie est un �v�nement de fraternit� et un appel � vivre la fraternit�. Il rayonne de la Messe dominicale une onde de charit�, destin�e � se diffuser dans toute la vie des fid�les, en commen�ant par animer aussi la fa�on de vivre le reste du dimanche. Si c'est un jour de joie, il faut que le chr�tien dise par ses attitudes concr�tes qu'on ne peut �tre heureux � tout seul �. Il regarde autour de lui, pour d�couvrir les personnes qui peuvent avoir besoin de son sens de la solidarit�. Il peut arriver que, dans son voisinage ou dans le cercle de ses connaissances, il y ait des malades, des personnes �g�es, des enfants, des immigr�s, qui, pr�cis�ment le dimanche, ressentent plus vivement encore leur solitude, leur pauvret�, la souffrance li�e � leur condition. A leur �gard, l'engagement ne peut certainement pas se limiter � des initiatives dominicales sporadiques, mais pourquoi, sur le fond de cette attitude d'engagement plus global, ne pas donner durant le jour du Seigneur une place plus grande au partage, en utilisant toutes les ressources dont dispose la charit� chr�tienne? Inviter � sa table une personne seule, faire une visite � des malades, donner � manger � une famille dans le besoin, consacrer une heure � certaines activit�s b�n�voles et de solidarit�, ce serait � coup s�r une fa�on d'introduire dans la vie la charit� du Christ puis�e � la Table eucharistique.
73. Ainsi v�cus, l'Eucharistie dominicale, mais aussi le dimanche dans son ensemble deviennent une grande �cole de charit�, de justice et de paix. La pr�sence du Ressuscit� au milieu des siens se fait appel � la solidarit�, elle pousse � un renouvellement int�rieur, elle incite � changer les structures de p�ch� qui enserrent les personnes, les communaut�s, parfois les peuples entiers. Le dimanche chr�tien est donc tout autre chose qu'une �vasion. Il est plut�t une � proph�tie � inscrite dans le temps, une proph�tie qui oblige les croyants � suivre les pas de Celui qui est venu � porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs la d�livrance et aux aveugles le retour � la vue, renvoyer en libert� les opprim�s, proclamer une ann�e de gr�ce du Seigneur � (
Lc
4,18-19). � son �cole, dans la m�moire dominicale de la P�que et se souvenant de sa promesse: � Je vous laisse la paix; c'est ma paix que je vous donne � (
Jn
14,27), le croyant devient � son tour
artisan de paix
.
CHAPITRE V
DIES DIERUM
Le dimanche, f�te primordiale r�v�lant le sens du temps
Le Christ, Alpha et Om�ga du temps
74. � Dans le christianisme, le temps a une importance fondamentale. C'est dans sa dimension que le monde est cr��, c'est en lui que se d�roule l'histoire du salut, qui a son apog�e dans la pl�nitude du temps de l'Incarnation et atteint sa fin dans le retour glorieux du Fils de Dieu � la fin des temps. En J�sus Christ, Verbe incarn�, le temps devient une dimension de Dieu, qui est en lui-m�me �ternel �. (118)
� la lumi�re du Nouveau Testament, les ann�es de l'existence terrestre du Christ constituent r�ellement le centre du temps. Ce centre a son sommet dans la r�surrection. S'il est vrai, en effet, qu'il est Dieu fait homme d�s le premier moment de sa conception dans le sein de la Vierge sainte, il est vrai �galement que c'est seulement par la r�surrection que son humanit� est totalement transfigur�e et glorifi�e, r�v�lant ainsi pleinement son identit� et sa gloire divine. Dans le discours qu'il a prononc� � la synagogue d'Antioche de Pisidie (cf.
Ac
13,33), Paul applique justement � la r�surrection du Christ ce que dit le Psaume 2: � Tu es mon fils, moi-m�me aujourd'hui je t'ai engendr� � (v. 7). C'est pr�cis�ment pour cela que, dans la c�l�bration de la Veill�e pascale, l'�glise pr�sente le Christ ressuscit� comme le Commencement et la Fin, l'Alpha et l'Om�ga. Ces mots, prononc�s par le c�l�brant lors de la pr�paration du cierge pascal, sur lequel est grav� le chiffre de l'ann�e en cours, mettent en lumi�re le fait que � le Christ est le Seigneur du temps, il est son commencement et son ach�vement; chaque ann�e, chaque jour, chaque moment, est inclus dans son incarnation et dans sa r�surrection pour se retrouver ainsi dans la pl�nitude du temps �. (119)
75. Le dimanche �tant la P�que hebdomadaire, o� est rappel� et rendu pr�sent le jour o� le Christ est ressuscit� d'entre les morts, c'est aussi le jour qui r�v�le le sens du temps. Il n'y a pas de relation avec les cycles cosmiques, selon lesquels la religion naturelle et la culture humaine tendent � rythmer le temps, c�dant �ventuellement au mythe de l'�ternel retour. Le dimanche chr�tien est bien autre chose! Jaillissant de la R�surrection, il traverse le temps de l'homme, les mois, les ann�es, les si�cles, comme une fl�che qui les p�n�tre en les tournant vers le but de la seconde venue du Christ. Le dimanche pr�figure le jour final, celui de la
Parousie
, d�j� anticip� en quelque sorte par la gloire du Christ dans l'�v�nement de la R�surrection.
En effet, tout ce qui arrivera, jusqu'� la fin du monde, ne sera qu'une expansion et une explicitation de ce qui est arriv� le jour o� le corps martyris� du Crucifi� est ressuscit� par la puissance de l'Esprit et est devenu � son tour la source de l'Esprit pour l'humanit�. C'est pourquoi le chr�tien sait qu'il ne doit pas attendre un autre temps du salut, parce que le monde, quelle que soit sa dur�e chronologique, vit d�j� dans le
dernier temps
. Non seulement l'�glise mais aussi le cosmos lui-m�me et l'histoire sont continuellement dirig�s et guid�s par le Christ glorifi�. C'est cette �nergie de vie qui pousse la cr�ation, qui � g�mit et souffre en travail d'enfantement � (
Rm
8,22), vers le but de sa r�demption compl�te. De cette marche, l'homme ne peut avoir qu'une intuition obscure; les chr�tiens en ont la cl� et la certitude, et la sanctification du dimanche est un t�moignage significatif qu'ils sont appel�s � donner pour que les temps de l'homme soient toujours soutenus par l'esp�rance.
Le dimanche dans l'ann�e liturgique
76. Si le jour du Seigneur, avec son retour hebdomadaire, est enracin� dans la tradition la plus ancienne de l'�glise et a une importance vitale pour le chr�tien, un autre rythme n'a pas tard� � s'affirmer: le cycle annuel. Il est en effet conforme � la psychologie humaine de c�l�brer les anniversaires, en associant au retour des dates et des saisons le souvenir d'�v�nements pass�s. Et quand il s'agit d'�v�nements d�cisifs pour la vie d'un peuple, il est normal que leur anniversaire suscite un climat de f�te qui vient rompre la monotonie des jours.
Or, les �v�nements majeurs du salut sur lesquels repose la vie de l'�glise ont �t�, selon le dessein de Dieu, �troitement li�s � la P�que et � la Pentec�te, f�tes annuelles des juifs, et ils ont �t� proph�tiquement pr�figur�s dans ces f�tes. Depuis le deuxi�me si�cle, la c�l�bration par des chr�tiens de la P�que annuelle, s'ajoutant � celle de la P�que hebdomadaire, a permis de donner une plus grande ampleur � la m�ditation du myst�re du Christ mort et ressuscit�. Pr�c�d�e d'un je�ne qui la pr�pare, c�l�br�e au cours d'une longue veill�e, prolong�e par les cinquante jours qui m�nent � la Pentec�te, la f�te de P�ques, � solennit� des solennit�s �, est devenue le jour par excellence de l'initiation des cat�chum�nes. Si, en effet, par le bapt�me, ils meurent au p�ch� et ressuscitent � une vie nouvelle, c'est parce que J�sus a �t� � livr� pour nos fautes et ressuscit� pour notre justification � (
Rm
4,25; cf. 6,3-11). �troitement connexe au myst�re pascal, la f�te de la Pentec�te, o� l'on c�l�bre la venue de l'Esprit Saint sur les Ap�tres, r�unis avec Marie, et le d�but de la mission vers tous les peuples, prend elle aussi un relief sp�cial. (120)
77. Une semblable logique comm�morative a pr�sid� � la structuration de toute l'ann�e liturgique. Comme le rappelle le Concile Vatican II, l'�glise a voulu d�ployer au cours de l'ann�e � tout le myst�re du Christ, de l'Incarnation et la Nativit� jusqu'� l'Ascension, jusqu'au jour de la Pentec�te et jusqu'� l'attente de la bienheureuse esp�rance et de l'av�nement du Seigneur. En c�l�brant ainsi les myst�res de la R�demption, elle ouvre aux fid�les les richesses de la puissance et des m�rites de son Seigneur, de telle sorte que ces myst�res sont en quelque sorte rendus pr�sents tout le temps et que les fid�les sont mis en contact avec eux et remplis par la gr�ce du salut �. (121)
Apr�s P�ques et la Pentec�te, une autre f�te tr�s solennelle est indubitablement celle de la Nativit� du Seigneur, o� les chr�tiens m�ditent le myst�re de l'Incarnation et contemplent le Verbe de Dieu qui daigne assumer notre humanit� pour nous rendre participants de sa divinit�.
78. De m�me, � en c�l�brant ce cycle annuel des myst�res du Christ, la sainte �glise v�n�re avec un amour particulier la bienheureuse Marie, M�re de Dieu, qui est unie � l'�uvre salvifique de son Fils par un lien indissoluble �. (122) De la m�me mani�re, en introduisant dans le cycle annuel, � l'occasion de leurs anniversaires, les m�moires des martyrs et d'autres saints, � l'�glise proclame le myst�re pascal en ces saints qui ont souffert avec le Christ et sont glorifi�s avec lui �. (123) La m�moire des saints, c�l�br�e dans l'esprit authentique de la liturgie, ne masque pas la place centrale du Christ; elle l'exalte au contraire en montrant la puissance de sa r�demption. Comme le chante saint Paulin de Nole, � tout passe, la gloire des saints dure dans le Christ, qui renouvelle tout tandis qu'il reste le m�me �. (124) Ce rapport intrins�que entre la gloire des saints et celle du Christ est inscrit dans le statut m�me de l'ann�e liturgique, et il trouve pr�cis�ment dans le caract�re fondamental et dominant du dimanche, en tant que jour du Seigneur, son expression la plus significative. En suivant les temps de l'ann�e liturgique dans l'observance du dimanche qui le rythme tout entier, l'engagement eccl�sial et spirituel du chr�tien est profond�ment centr� sur le Christ, en qui il trouve sa raison d'�tre et aupr�s de qui il puise sa nourriture et son stimulant.
79. Le dimanche appara�t comme le mod�le naturel pour comprendre et c�l�brer les solennit�s de l'ann�e liturgique dont la valeur pour l'existence chr�tienne est si grande que l'�glise a d�cid� d'en souligner l'importance en �tablissant pour les fid�les l'obligation de participer � la Messe et d'observer le repos, bien qu'elles tombent un jour de semaine. (125) Le nombre de ces f�tes a vari� selon les �poques, compte tenu des conditions sociales et �conomiques, comme aussi de leur enracinement dans la tradition, en plus de l'appui de la l�gislation civile. (126)
L'actuelle r�glementation canonique et liturgique pr�voit la possibilit� que chaque Conf�rence �piscopale, en raison de circonstances propres � tel ou tel pays, r�duise la liste des f�tes d'obligation. Une �ventuelle d�cision dans ce sens doit �tre confirm�e par une approbation sp�cifique du Si�ge apostolique, (127) et, dans ce cas, la c�l�bration d'un myst�re du Seigneur, comme l'�piphanie, l'Ascension ou la solennit� du Corps et du Sang du Christ, doit �tre report�e au dimanche, selon les normes liturgiques, afin que les fid�les ne soient pas priv�s de la m�ditation du myst�re. (128) Les Pasteurs auront � c�ur d'encourager les fid�les � participer aussi � la Messe � l'occasion des f�tes d'une certaine importance c�l�br�es au cours de la semaine. (129)
80. Il faut aborder le probl�me pastoral sp�cifique concernant les situations fr�quentes o� des traditions populaires et culturelles propres � un milieu risquent d'envahir la c�l�bration des dimanches et des autres f�tes liturgiques, en m�lant � l'esprit de la foi chr�tienne authentique des �l�ments qui lui sont �trangers et qui pourraient la d�figurer. Dans ces cas, il faut parler clairement, dans la cat�ch�se et des interventions pastorales opportunes, en �cartant ce qui est inconciliable avec l'�vangile du Christ. Mais il ne faut pas oublier que de telles traditions � et cela vaut analogiquement pour de nouvelles propositions culturelles de la soci�t� civile � ne sont souvent pas d�pourvues de valeurs qui s'harmonisent sans difficult� avec les exigences de la foi. Il appartient aux Pasteurs d'op�rer un discernement qui sauvegarde les valeurs pr�sentes dans la culture d'un contexte social d�termin�, et surtout dans la religiosit� populaire, faisant en sorte que la c�l�bration liturgique, notamment celle des dimanches et des f�tes, n'en souffre pas mais en tire plut�t avantage. (130)
CONCLUSION
81. La richesse spirituelle et pastorale du dimanche, telle que la tradition nous l'a transmise, est vraiment grande. Prise dans toute sa signification et avec toutes ses implications, elle est en quelque sorte une synth�se de la vie chr�tienne et une condition pour bien la vivre. On comprend donc pourquoi l'observance du jour du Seigneur tient particuli�rement � c�ur � l'�glise, et pourquoi elle reste pr�cis�ment une v�ritable obligation dans le cadre de la discipline eccl�siale. Cette observance, avant m�me d'�tre un pr�cepte, doit cependant �tre ressentie comme un besoin inscrit au plus profond de l'existence chr�tienne. Il est vraiment d'une importance capitale que tout fid�le soit convaincu qu'il ne peut vivre sa foi dans la pleine participation � la vie de la communaut� chr�tienne sans prendre part r�guli�rement � l'assembl�e eucharistique dominicale. Si dans l'Eucharistie se r�alise la pl�nitude du culte que les hommes doivent � Dieu, et qui n'a d'�quivalent dans aucune autre exp�rience religieuse, cela s'exprime avec une efficacit� particuli�re dans l'assembl�e dominicale de toute la communaut�, ob�issant � la voix du Ressuscit� qui la convoque pour lui donner la lumi�re de sa Parole et la nourriture de son Corps comme source sacramentelle permanente de r�demption. La gr�ce qui jaillit de cette source renouvelle les hommes, la vie, l'histoire.
82. C'est avec cette forte conviction de foi, accompagn�e aussi de la conscience du patrimoine de valeurs humaines pr�sentes dans la pratique dominicale, que les chr�tiens d'aujourd'hui doivent se situer par rapport aux sollicitations d'une culture qui a, et c'est heureux, compris la n�cessit� du repos et du temps libre, mais qui la vit souvent de mani�re superficielle et qui se laisse parfois s�duire par des formes de divertissement qui sont moralement discutables. Certes, le chr�tien se sent solidaire des autres hommes pour jouir du jour de repos hebdomadaire; mais en m�me temps il est vivement conscient de la nouveaut� et de l'originalit� du dimanche, jour o� il est appel� � c�l�brer son salut et celui de l'humanit� enti�re. Si c'est un jour de joie et de repos, cela vient pr�cis�ment du fait qu'il est le � jour du Seigneur �, le jour du Seigneur ressuscit�.
83. Per�u et v�cu ainsi, le dimanche devient un peu l'�me des autres jours, et en ce sens on peut rappeler la r�flexion d'Orig�ne, selon qui le chr�tien parfait � est sans cesse dans les jours du Seigneur et c�l�bre sans cesse des dimanches �. (131) Le dimanche est une �cole authentique, un itin�raire permanent de p�dagogie eccl�siale. P�dagogie irrempla�able, surtout dans les conditions actuelles de la soci�t�, toujours plus fortement marqu�e par la d�sagr�gation et par le pluralisme culturel qui mettent continuellement � l'�preuve la fid�lit� des chr�tiens aux exigences sp�cifiques de leur foi. Dans de nombreuses parties du monde s'amorce la condition d'un christianisme de la � diaspora �, c'est-�-dire marqu� par une situation de dispersion o� les disciples du Christ n'arrivent plus � maintenir facilement le contact entre eux et o� ils ne sont plus soutenus par les structures et les traditions propres � la culture chr�tienne. Dans ce contexte probl�matique, la possibilit� de se retrouver le dimanche avec tous leurs fr�res dans la foi, en �changeant les dons de la fraternit�, est une aide irrempla�able.
84. Destin� � soutenir la vie chr�tienne, le dimanche acquiert naturellement aussi une valeur de t�moignage et d'annonce. Jour de pri�re, de communion, de joie, il se refl�te sur la soci�t�, irradiant des �nergies de vie et des motifs d'esp�rance. Il est l'annonce que le temps, habit� par Celui qui est ressuscit� et qui est le Seigneur de l'histoire, n'est pas le tombeau de nos illusions mais le berceau d'un avenir toujours nouveau, la possibilit� qui nous est donn�e de transformer les instants fugitifs de cette vie en semences d'�ternit�. Le dimanche est une invitation � regarder en avant, il est le jour o� la communaut� chr�tienne lance au Seigneur son cri �
Mar�na tha
: viens, Seigneur! � (
1 Co
16,22). Dans ce cri d'esp�rance et d'attente, elle accompagne et soutient l'esp�rance des hommes. Et de dimanche en dimanche, �clair�e par le Christ, elle avance vers le dimanche sans fin de la J�rusalem c�leste, quand sera achev�e en tous ses �l�ments la Cit� mystique de Dieu, qui � peut se passer de l'�clat du soleil et de celui de la lune, car la gloire de Dieu l'a illumin�e, et l'Agneau lui tient lieu de flambeau � (
Ap
21,23).
85. Dans cet effort tendu vers le terme, l'�glise est soutenue et anim�e par l'Esprit. Il r�veille sa m�moire et actualise pour toutes les g�n�rations de croyants l'�v�nement de la r�surrection. Il est le don int�rieur qui nous unit au Ressuscit� et � nos fr�res dans l'intimit� d'un seul corps, ravivant notre foi, r�pandant en nos c�urs la charit� et ranimant notre esp�rance. L'Esprit est pr�sent sans interruption en chaque jour de l'�glise, r�pandant de mani�re impr�visible et g�n�reuse la richesse de ses dons; mais dans la rencontre dominicale pour la c�l�bration hebdomadaire de P�ques, l'�glise se met sp�cialement � son �coute et est tendue avec lui vers le Christ, dans le d�sir ardent de son retour glorieux: � L'Esprit et l'�pouse disent: Viens! � (
Ap
22,17). C'est en raison du r�le de l'Esprit que j'ai d�sir� que cette exhortation � red�couvrir le sens du dimanche vienne cette ann�e qui, dans la pr�paration imm�diate au Jubil�, est consacr�e � l'Esprit Saint.
86. Je confie l'accueil actif de cette Lettre apostolique par la communaut� chr�tienne � l'intercession de la Vierge Sainte. Sans rien enlever � la place centrale du Christ et de son Esprit, elle est pr�sente � chaque dimanche de l'�glise. Le myst�re m�me du Christ l'exige: comment pourrait-elle en effet, elle qui est la
Mater Domini
et la
Mater Ecclesi�
, ne pas �tre pr�sente � un titre sp�cial le jour qui est � la fois
dies Domini
et
dies Ecclesi�
?
C'est vers la Vierge Marie que regardent les fid�les qui �coutent la Parole proclam�e dans l'assembl�e dominicale, apprenant d'elle � la garder et � la m�diter dans leur c�ur (cf.
Lc
2,19). Avec Marie, ils apprennent � se tenir au pied de la croix pour offrir au P�re le sacrifice du Christ et y unir l'offrande de leur vie. Avec Marie, ils vivent la joie de la r�surrection, faisant leurs les paroles du
Magnificat
qui chantent le don in�puisable de la mis�ricorde divine dans le d�roulement inexorable du temps: � Sa mis�ricorde s'�tend d'�ge en �ge sur ceux qui le craignent � (
Lc
1,50). D'un dimanche � l'autre, le peuple p�lerin suit les traces de Marie, dont l'intercession maternelle rend particuli�rement intense et efficace la pri�re que l'�glise �l�ve � la Tr�s Sainte Trinit�.
87. Chers Fr�res et S�urs, l'imminence du Jubil� nous invite � approfondir notre engagement spirituel et pastoral. C'est l�, en effet, son vrai but. En l'ann�e o� il sera c�l�br�, beaucoup d'initiatives le caract�riseront et lui donneront la marque particuli�re que ne peut manquer d'avoir la conclusion du deuxi�me mill�naire et le d�but du troisi�me depuis l'Incarnation du Verbe de Dieu. Mais cette ann�e-l� et ce temps sp�cial passeront, en attendant d'autres jubil�s et d'autres anniversaires solennels. Le dimanche, avec sa � solennit� � ordinaire, restera pour rythmer le temps du p�lerinage de l'�glise, jusqu'au dimanche sans d�clin.
C'est pourquoi je vous exhorte, chers Fr�res dans l'�piscopat et dans le sacerdoce, � �uvrer inlassablement avec les fid�les pour que la valeur de ce jour sacr� soit toujours mieux reconnue et v�cue. Cela portera du fruit dans les communaut�s chr�tiennes et ne manquera pas d'exercer une influence b�n�fique sur toute la soci�t� civile.
Puissent les hommes et les femmes du troisi�me mill�naire rencontrer le Christ ressuscit� lui-m�me en voyant l'�glise qui, chaque dimanche, c�l�bre dans la joie le myst�re o� elle puise toute sa vie! Et puissent ses disciples, en se renouvelant constamment dans le m�morial hebdomadaire de la P�que, �tre des annonciateurs toujours plus cr�dibles de l'�vangile qui sauve, et des b�tisseurs dynamiques de la civilisation de l'amour!
� tous, je donne ma B�n�diction.
Du Vatican, le 31 mai 1998, solennit� de la Pentec�te, en la vingti�me ann�e de mon pontificat.
Jean �Paul II
(1) Cf.
Ap
1,10: �
Kyriak� h�mera
�; cf. aussi
Didach�
14, 1:
SC
248, pp. 192-193; S. Ignace d'Antioche,
Aux Magn�siens
, 9, 1-2:
SC
10, pp. 88-89.
(2) Pseudo-Eus�be d'Alexandrie,
Hom�lie 16
:
PG
86, 416.
(3)
In die dominica Pasch� II,
52:
CCL
78, p. 550.
(4) Conc. �cum.
Vat. II, Constitution sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum concilium
, n. 106.
(5)
Ibid
.
(6) Cf. Motu proprio
Mysterii paschalis
(14 f�vrier 1969):
AAS
61 (1969), pp. 222-226.
(7) Cf. Note pastorale de la Conf�rence �piscopale italienne �
Il giorno del Signore
� (15 juillet 1984), n. 5:
Enchiridion C.E.I. 3,
n. 1398.
(8) Const. sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum Concilium
, n. 106.
(9) Hom�lie lors de l'inauguration solennelle de mon pontificat (22 octobre 1978), n. 5:
AAS
70 (1978), p. 947.
(10) N. 25:
AAS
73 (1981), p. 639.
(11) Constitution pastorale sur l'�glise dans le monde de ce temps
Gaudium et spes
, n. 34.
(12) Le sabbat est v�cu par nos fr�res juifs selon une spiritualit� � sponsale �, comme on le voit, par exemple, dans les textes de
Genesi Rabbah
X, 9 et XI, 8 (cf. J. Neusner,
Genesis Rabbah
, vol. I, Atlanta 1985, p. 107 et p. 117). Le chant
Leka d�di
est aussi de tonalit� nuptiale: � Pour toi, ton Dieu sera heureux comme l'�poux est heureux de son �pouse [...]. Au milieu des fid�les de ton peuple bien-aim�, viens, � �pouse, reine
Shabbat
� (
Preghiera serale del sabato
, �d.
A. Toaff, Rome 1968-69, p. 3).
(13) Cf. A. J. Heschel,
The sabbath. Its meaning for modern man
(22e �d., 1995), pp. 3-24.
(14) �
Verum autem sabbatum ipsum redemptorem nostrum Iesum Christum Dominum habemus
�:
Ep
13, 1:
CCL
140 A, p. 992
(15) Ep. ad Decentium XXV, 4, 7:
PL
20, 555.
(16)
Homili� in Hexameron
II, 8:
SC
26, p. 184.
(17) Cf.
In Io. ev. tractatus
XX, 20, 2:
CCL
36, p. 203;
Epist
.
55, 2:
CSEL
34, pp. 170-171.
(18) Cette r�f�rence � la r�surrection est particuli�rement claire en langue russe, o� le dimanche se dit pr�cis�ment � r�surrection � (
Voskres�n'e
).
(19)
Epist.
10, 96, 7.
(20) Cf.
ibid.
En r�f�rence � la lettre de Pline, Tertullien aussi rappelle les
c�tus antelucani
en
Apologeticum
2,6:
CCL
1, p. 88;
De corona
3, 3:
CCL
2, p. 1043.
(21)
Aux Magn�siens
9,1-2:
SC
10, pp. 88-89.
(22)
Disc. VIII dans l'octave de P�ques
, 4:
PL
46, 841. Ce caract�re de � premier jour � du dimanche est �vident dans le calendrier liturgique latin, o� le lundi est appel�
feria secunda
, le mardi
feria tertia
, etc. Une d�nomination semblable des jours de la semaine se retrouve en langue portugaise.
(23) Saint Gr�goire de Nysse,
De castigatione
:
PG
46, 309. De m�me, dans la liturgie maronite on souligne le lien entre le sabbat et le dimanche, � partir du � myst�re du Samedi saint �: cf. M. Hayek,
Maronite (�glise)
,
Dictionnaire de spiritualit�
, X (1980), 632-644.
(24)
Rituel du bapt�me des petits enfants
, pr�liminaires, n. 9; cf.
Rituel de l'initiation chr�tienne des adultes
, n. 59.
(25) Cf.
Missel romain
, rite de l'aspersion dominicale de l'eau b�nite.
(26) Cf. S. Basile,
Sur le Saint-Esprit
, 27,66:
SC
17, pp. 484-485. Cf. aussi
�p�tre de Barnab�
15,8-9:
SC
172, pp. 186-189; S. Justin,
Dialogue avec Tryphon
, 24 et 138:
PG
6, 528 et 793; Orig�ne,
Commentaires sur les Psaumes
, psaume 118 (119), 1:
PG
12, 1588.
(27) �
Domine, pr�stitisti nobis pacem quietis, pacem sabbati, pacem sine vespera
�:
Confessions
, XIII, 50:
CCL
27, p. 272.
(28) Cf. S. Augustin,
Epist.
55, 17:
CSEL
34, p. 188: �
Ita ergo erit octavus, qui primus, ut prima vita sed �terna reddatur
�.
(29) Ainsi en anglais Sunday et en allemand
Sonntag
.
(30)
Apologie
I, 67:
PG
6, 430.
(31) Cf. S. Maxime de Turin, Discours 44, 1:
CCL
23, p. 178; Idem., Discours 53, 2:
CCL
23, p. 219; Eus�be de C�sar�e,
Comm. in Ps 91
:
PG
23, 1169-1173.
(32) Cf., par exemple, l'hymne pour l'Office des lectures: �
Dies �tasque ceteris octava splendet sanctior in te quam, Iesu, consecras primiti� surgentium
� (premi�re semaine); et aussi: �
Salve dies, dierum gloria, dies felix Christi victoria, dies digna iugi l�titia dies prima. Lux divina c�cis irradiat, in qua Christus infernum spoliat, mortem vincit et reconciliat summis ima
� (deuxi�me semaine). On retrouve des expressions analogues dans des hymnes int�gr�es � la Liturgie des Heures en diff�rentes langues modernes.
(33) Cf. Cl�ment d'Alexandrie,
Stromates
, VI, 138, 1-2:
PG
9, 364.
(34) Cf. Jean-Paul II, Encyclique
Dominum et vivificantem
(18 mai 1986), nn. 22-26:
AAS
78 (1986), pp. 829-837.
(35) Cf. S. Athanase d'Alexandrie,
Lettres dominicales
1, 10:
PG
26, 1366.
(36) Cf. Bardesane,
Dialogue sur le destin
, 46:
PS
2, pp. 606-607.
(37) Constitution sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum concilium
, appendice: D�claration sur la r�vision du calendrier.
(38) Cf. Conc. �cum. Vat. II, Const. dogm. sur l'�glise
Lumen gentium
, n. 9.
(39) Cf. Jean-Paul II, Lettre
Dominic� Cen�
(24 f�vrier 1980), n. 4:
AAS
72 (1980), p. 120; Encycl.
Dominum et vivificantem
(18 mai 1986), nn. 62-64:
AAS
78 (1986), pp. 889-894.
(40) Cf. Jean-Paul II, Lettre apost.
Vicesimus quintus annus
(4 d�cembre 1988), n. 9:
AAS
81 (1989), pp. 905-906.
(41) N. 2177.
(42) Cf. Jean-Paul II, Lettre apost.
Vicesimus quintus annus
(4 d�cembre 1988), n. 9:
AAS
81 (1989), pp. 905-906.
(43) Conc. �cum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum concilium
, n. 41; cf. D�cret sur la charge pastorale des �v�ques dans l'�glise
Christus Dominus
, n. 15.
(44) C'est l'embolisme, formul� dans ces termes ou dans des termes analogues dans certaines pri�res eucharistiques en diff�rentes langues. Il souligne de mani�re significative le caract�re � pascal � du dimanche.
(45) Cf. Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux �v�ques de l'�glise catholique sur certains aspects de l'�glise comprise comme communion
Communionis notio
(28 mai 1992), nn. 11-14:
AAS
85 (1993), pp. 844-847.
(46) Discours au troisi�me groupe d'�v�ques des �tats-Unis d'Am�rique (17 mars 1998), n. 4:
L'Osservatore Romano
, 18 mars 1998, p. 4.
(47) Const. sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum concilium
, n. 42.
(48) S. Congr. des Rites, Instruction sur le culte du myst�re eucharistique
Eucharisticum mysterium
(25 mai 1967), n. 26:
AAS
59 (1967), p. 555.
(49) Cf. S. Cyprien,
De Orat. Dom.
, 23:
PL
4, 553; Idem,
De cath. Eccl. unitate
, 7:
CSEL
3, p. 215; Conc. �cum Vat. II, Const. dogm. sur l'�glise
Lumen gentium
, n. 4; Const. sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum concilium
, n. 26.
(50) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost.
Familiaris consortio
(22 novembre 1981), nn. 57; 61:
AAS
74 (1982), pp. 151; 154.
(51) Cf. S. Congr. pour le Culte divin, Directoire des Messes d'enfants (1er novembre 1973):
AAS
66 (1974), pp. 30-46.
(52) Cf. S. Congr. des Rites, Instruction sur le culte du myst�re eucharistique
Eucharisticum mysterium
(25 mai 1967), n. 26:
AAS
59 (1967), pp. 555-556; S. Congr. pour les �v�ques, Directoire pour le minist�re pastoral des �v�ques
Ecclesi� imago
(22 f�vrier 1973), n. 86c:
Enchiridion Vaticanum
4, n. 2071.
(53) Cf. Jean-Paul II, Exhort. apost. post-synodale
Christifideles laici
(30 d�cembre 1988), n. 30:
AAS
81 (1989), pp. 446-447.
(54) Cf. S. Congr. pour le Culte divin, Instruction sur les Messes pour des groupes particuliers (15 mai 1969), n. 10:
AAS
61 (1969), p. 810.
(55) Cf. Conc. �cum. Vat. II, Const. dogm. sur l'�glise
Lumen gentium
, nn. 48-51.
(56) �
H�c est vita nostra, ut desiderando exerceamur
�: S. Augustin,
In prima Ioan. tract.
4, 6:
SC
75, p. 232.
(57) Missel romain, embolisme apr�s le Notre P�re.
(58) Conc. �cum. Vat. II, Const. past. sur l'�glise dans le monde de ce temps
Gaudium et spes
, n. 1.
(59) Conc. �cum. Vat. II, Const. dogm. sur l'�glise
Lumen gentium
, n. 1; cf. Jean-Paul II, Encycl.
Dominum et vivificantem
(18 mai 1986), nn. 61-64:
AAS
78 (1986), pp. 888-894.
(60) Conc. �cum. Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum concilium
, n. 7; cf. n. 33.
(61)
Ibid.
, n. 56; cf.
Ordo lectionum Miss�
,
Pr�notanda
, n. 10.
(62) Const. sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum concilium
, n. 51.
(63) Cf.
ibid.
, n. 52;
Code de Droit canonique
, can. 767, � 2;
Code des Canons des �glises orientales
, can. 614.
(64) Const. apost.
Missale Romanum
(3 avril 1969):
AAS
61 (1969), p. 220.
(65) Dans la Constitution conciliaire
Sacrosanctum concilium
, n. 24, on parle de �
suavis et vivus Sacr� Scriptur� affectus
�.
(66) Jean-Paul II, Lettre
Dominic� Cen�
(24 f�vrier 1980), n. 10:
AAS
72 (1980), p. 135.
(67) Cf. Conc. �cum. Vat. II, Const. dogm. sur la R�v�lation divine
Dei Verbum
, n. 25.
(68) Cf.
Ordo lectionum Miss�
,
Pr�notanda
, chap. III.
(69) Cf.
Ordo lectionum Miss�
,
Pr�notanda
, chap. I, n. 6.
(70) Conc. �cum. de Trente, Session XXII, Doctrine et canons sur le tr�s saint sacrifice de la Messe, II:
DS
, 1743; cf.
Cat�chisme de l'�glise catholique
, n. 1366.
(71)
Cat�chisme de l'�glise catholique
, n. 1368.
(72) S. Congr. des Rites, Instruction sur le culte du myst�re eucharistique
Eucharisticum mysterium
(25 mai 1967), n. 3b:
AAS
59 (1967), p. 541; cf. Pie XII, Encycl.
Mediator Dei
(20 novembre 1947), II:
AAS
39 (1947), pp. 564-566.
(73) Cf.
Cat�chisme de l'�glise catholique
, n. 1385; cf. aussi Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre aux �v�ques de l'�glise catholique sur l'acc�s � la communion eucharistique de la part des fid�les divorc�s remari�s (14 septembre 1994):
AAS
86 (1994), pp. 974-979.
(74) Cf. Innocent I,
Epist.
25, 1 � Decentius de Gubbio:
PL
20, 553.
(75) II, 59, 2-3: �d. F.X. Funk (1905), pp. 170-171.
(76) Cf.
Apologie I
, 67, 3-5:
PG
6, 429.
(77)
Acta SS. Saturnini, Dativi et aliorum plurimorum martyrum in Africa
, 7, 9 et 10:
PL
8, 707; 709-710.
(78) Cf. can. 21, Mansi,
Conc.
II, p. 9.
(79) Cf. can. 47, Mansi,
Conc.
VIII, p. 332.
(80) Cf. la proposition contraire, condamn�e par Innocent XI en 1679, concernant l'obligation morale de la sanctification des f�tes:
DS
2152.
(81) Can. 1248: �
Festis de pr�cepto diebus Missa audienda est
�; can. 1247, � 1: �
Dies festi sub pr�cepto in universa Ecclesia sunt [...] omnes et singuli dies dominici �.
(82) Code de Droit canonique, can. 1247; le
Code des Canons des �glises orientales
, can. 881, � 1, prescrit que � les fid�les chr�tiens sont tenus par l'obligation de participer � la Divine Liturgie ou, selon les prescriptions ou la coutume l�gitime de leur Eglise de droit propre, � la c�l�bration des louanges divines �.
(83) N. 2181: � Ceux qui d�lib�r�ment manquent � cette obligation commettent un p�ch� grave �.
(84) S. Congr. pour les �v�ques, Directoire pour le minist�re pastoral des �v�ques
Ecclesi� imago
(22 f�vrier 1973), n. 86a:
Enchiridion Vaticanum
4, n. 2069.
(85) Cf.
Code de Droit canonique
, can. 905, � 2.
(86) Cf. Pie XII, Const. apost.
Christus Dominus
(6 janvier 1953):
AAS
45 (1953), pp. 15-24; Motu proprio
Sacram Communionem
(19 mars 1957):
AAS
49 (1957), pp. 177-178; Congr. du Saint-Office, Instruction sur la discipline du je�ne eucharistique (6 janvier 1953):
AAS
45 (1953), pp. 47-51.
(87) Cf.
Code de Droit canonique
, can. 1248, � 1;
Code des Canons des �glises orientales
, can. 881, � 2.
(88) Cf.
Missale Romanum
,
Norm� universales de Anno liturgico et de Calendario
, n. 3.
(89) Cf. S. Congr. pour les �v�ques, Directoire pour le minist�re pastoral des �v�ques
Ecclesi� imago
(22 f�vrier 1973), n. 86:
Enchiridion Vaticanum
4, nn. 2069-2073.
(90) Cf. Conc. �cum Vat. II, Const. sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum concilium
, nn. 14 et 26; Jean-Paul II, Lettre apost.
Vicesimus quintus annus
(4 d�cembre 1988), nn. 4, 6 et 12:
AAS
81 (1989), pp. 900-901; 902; 909-910.
(91) Cf. Conc. �cum. Vat. II, Const. dogm. sur l'�glise
Lumen gentium
, n. 10.
(92) Cf. Instr. interdicast�rielle sur quelques questions concernant la collaboration des fid�les la�cs au minist�re des pr�tres
Ecclesi� de mysterio
(15 ao�t 1997), nn. 6 et 8:
AAS
89 (1997), pp. 869; 870-872.
(93) Conc. �cum. Vat. II, Const. dogm. sur l'�glise
Lumen gentium
, n. 10: �
in oblationem Eucharisti� concurrunt
�.
(94)
Ibid.,
n. 11.
(95) Cf. Code de Droit canonique, can. 1248, � 2.
(96) Cf. S. Congr. pour le Culte divin, Directoire pour les c�l�brations dominicales en l'absence de pr�tre
Christi Ecclesia
(2 juin 1988):
La Documentation catholique
85 (1988), pp. 1101-1105; Instruction interdicast�rielle sur quelques questions concernant la collaboration des fid�les la�cs au minist�re des pr�tres
Ecclesi� de mysterio
(15 ao�t 1997):
AAS
89 (1997), pp. 852-877.
(97) Cf. Code de Droit canonique, can. 1248, � 2; Congr. pour la Doctrine de la Foi, Lettre
Sacerdotium ministeriale
(6 ao�t 1983), III:
AAS
75 (1983), p. 1007.
(98) Cf. Commission pont. pour les Communications sociales, Instr.
Communio et progressio
(23 mai 1971), nn. 150-152; 157:
AAS
63 (1971), pp. 645-646; 647.
(99) Proclamation diaconale en l'honneur du jour du Seigneur: cf. texte syriaque dans le Missel selon le rite de l'�glise d'Antioche des Maronites (�dition en syriaque et en arabe), Jounieh (Liban) 1959, p. 38.
(100) V, 20, 11: �d. F.X. Funk (1905), p. 298; cf.
Didach�
14,1: �d. F.X. Funk (1901), p. 32; Tertullien,
Apologeticum
16, 11:
CCL
1, p. 116. Voir en particulier
Lettre de Barnab�
, 15, 9:
SC
172, pp. 188-189: � Voici pourquoi nous c�l�brons comme une f�te joyeuse le huiti�me jour, au cours duquel J�sus est ressuscit� des morts et, apr�s �tre apparu, est mont� au ciel �.
(101) Tertullien nous apprend par exemple qu'il �tait interdit de s'agenouiller le dimanche, car cette position, qui �tait alors comprise surtout comme un geste p�nitentiel, semblait peu convenir au jour de la joie: cf.
De corona
3,4:
CCL
2, p. 1043.
(102)
Ep
. 55,28:
CSEL
34, p. 202.
(103) Cf. S. Th�r�se de l'Enfant-J�sus et de la Sainte-Face, Derni�res paroles, 5-6 juillet 1897: Ruvres compl�tes, Paris (1992), pp. 1024-1025.
(104) Exhort. apost.
Gaudete in Domino
(9 mai 1975), II:
AAS
67 (1975), p. 295.
(105)
Ibid.,
Conclusion,
l.c.
, p. 322.
(106)
Hexam.
6, 10, 76:
CSEL
32, p. 261.
(107) Cf. l'�dit de Constantin, 3 juillet 321: Codex Theodosianus II, 8, 1, �d. Th. Mommsen, 1, p. 87;
Codex Iustiniani
3, 12, 2, �d. P. Krueger, p. 248.
(108) Cf. Eus�be de C�sar�e,
Vie de Constantin
, 4, 18:
PG
20, 1165.
(109) Le document eccl�siastique le plus ancien sur ce sujet est le canon 29 du Concile de Laodic�e (seconde moiti� du IVe si�cle): Mansi, t. II, 569-570. Du VIe au IXe si�cle, de nombreux Conciles prohib�rent les travaux des champs (�
opera ruralia
�). La l�gislation sur les travaux interdits, renforc�e par des lois civiles, devint progressivement plus pr�cise.
(110) Cf. Encycl.
Rerum novarum
(15 mai 1891):
Acta Leonis XIII
, 11 (1891), pp. 127-128.
(111)
Hexameron
2, 1, 1:
CSEL
32, p. 41.
(112) Cf.
Code de Droit canonique
, can. 1247;
Code des canons des �glises orientales
, can. 881, �� 1 et 4.
(113) Conc. �cum. Vat. II, Const. sur la sainte liturgie
Sacrosanctum Concilium
, n. 9.
(114) Cf. aussi S. Justin,
Apologie I,
67, 6: � Ceux qui ont des ressources et qui veulent bien donner, donnent librement ce qu'ils veulent, et la somme totale est apport�e � celui qui pr�side et qui vient en aide aux orphelins et aux veuves, � ceux qui sont abandonn�s pour cause de maladie ou pour une autre raison, � ceux qui sont en prison, aux �trangers accueillis; bref, elle sert � tous ceux qui sont dans le besoin �:
PG
6, 429.
(115)
De Nabuth�
, 10, 45: �
Audis, dives, quid Dominus Deus dicat? Et tu ad ecclesiam venis, non ut aliquid largiaris pauperi, sed ut auferas
�:
CSEL
32, p. 492.
(116)
Hom�lies sur l'Evangile de Matthieu
, 50, 3-4:
PG
58, 508-509.
(117) Cf. S. Paulin de Nole,
Lettre
13, 11-12 � Pammaque:
CSEL
29, pp. 92-93. Le s�nateur romain est lou� justement pour avoir comme refait le miracle �vang�lique, joignant � la participation � l'Eucharistie la distribution de nourriture aux pauvres.
(118) Jean-Paul II, Lettre apost.
Tertio millennio adveniente
(10 novembre 1994), n. 10:
AAS
87 (1995), p. 11.
(119)
Ibid.
(120) Cf.
Cat�chisme de l'Eglise catholique
, nn. 731-732.
(121) Const. sur la sainte Liturgie
Sacrosanctum Concilium
, n. 102.
(122)
Ibid.
, n. 103.
(123)
Ibid.
, n. 104.
(124)
Carm.
XVI
, 3-4: �
Omnia pr�tereunt, sanctorum gloria durat in Christo qui cuncta novat dum permanet ipse
�:
CSEL
30, p. 67.
(125) Cf.
Code de Droit canonique
, can. 1247;
Code des Canons des �glises orientales
, can. 881, �� 1 et 4.
(126) De par le droit commun, dans l'�glise latine, les f�tes d'obligation sont la Nativit� de notre Seigneur J�sus Christ, l'�piphanie, l'Ascension, le Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ, Sainte Marie M�re de Dieu, l'Immacul�e Conception, l'Assomption de la Vierge Marie, saint Joseph, saints Pierre et Paul Ap�tres, Tous les Saints: cf.
Code de Droit canonique
, can. 1246. Les f�tes d'obligation communes � toutes les �glises orientales sont la Nativit� de notre Seigneur J�sus Christ, l'�piphanie, l'Ascension, la Dormition de Sainte Marie M�re de Dieu, les Saints Ap�tres Pierre et Paul: cf.
Code des Canons des �glises orientales
, can. 880, � 3.
(127) Cf.
Code de Droit canonique
, can. 1246, � 2; pour les Eglises orientales, cf.
Code des Canons des Eglises orientales,
can. 880, � 3.
(128) Cf. S. Congr. des Rites,
Norm� universales de Anno liturgico et de Calendario
(21 mars 1969), nn. 5-7:
Enchiridion Vaticanum
3, nn. 895-897.
(129) Cf.
C�remoniale Episcoporum: ed. typica
, n. 230.
(130) Cf.
Ibid.
, n. 233.
(131)
Contre Celse
VIII, 22:
SC
150, pp. 222-225.
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